La « classe flexible » ou le bien-être des enfants au centre des apprentissages

La classe flexible vise à optimiser les capacités d’apprentissage des enfants en leur offrant des aménagements conçus pour améliorer leur posture, leur concentration et leur attention. Ce concept est déjà mis en oeuvre dans certains de nos établissements, comme à l’école maternelle des Magnolias ou à l’école fondamentale de l’Héliport.

Le principe de « classe flexible » ou flexible seating en anglais s’appuie sur des recherches développées au Canada et aux Etats-Unis. Partant du constat que la position des élèves sur leur chaise ne respectait pas une position ergonomique idéale et que leur niveau de concentration était très variable, une équipe pédagogique a décidé de se lancer dans une nouvelle aventure éducative : réaménager une classe en îlots d’activités diverses pour encourager la mobilité et l’interaction des élèves avec leur environnement en vue de maximiser leurs capacités d’apprentissage.

Ce principe, on le retrouve aussi désormais dans nos écoles, sous l’impulsion d’Eléonore Sprimont. Enseignante de formation, elle a pratiqué la classe flexible avec ses élèves à l’école maternelle des Magnolias. Désormais, c’est en sa qualité d’agente de soutien pédagogique pour l’enseignement fondamental qu’elle accompagne les collègues intéressés par la démarche et désireux de se lancer dans l’aventure : « À l’école fondamentale de l’Héliport, deux enseignantes ont voulu se lancer dans le projet. Nous nous sommes donc rencontrées et j’en ai profité pour leur apporter du matériel, mon expérience et du soutien ! »

Le bien-être comme pierre angulaire de la réussite scolaire

Depuis quelques années, le développement de pratiques pédagogiques visant le bien-être des élèves constitue un phénomène important, et témoigne d’une volonté des enseignants à mettre en œuvre des conditions qui favorisent l’épanouissement et la réussite scolaire des enfants.

« Après avoir remis en question ma pédagogie – qui était déjà plutôt active mais que je souhaitais approfondir –, je me suis lancée dans le réaménagement de ma classe. Plusieurs aspects me paraissaient importants, comme celui d’avoir un grand espace de regroupement pour que les enfants puissent échanger ou présenter des travaux, mais aussi des coins plus petits, dédiés à différentes activités… L’objectif est qu’ils se sentent en confiance dans un environnement où le respect des règles (prise de parole, écoute, respect des consignes, etc.) n’entrave pas pour autant leur liberté de mouvement et d’interaction avec leurs camarades. Un peu comme en maternelle, finalement, mais avec un niveau adapté à l’enseignement primaire. »

Les enfants travaillent dans le calme
© Éléonore Sprimont


Dans la classe flexible, l’élève a le droit de se mettre où il veut quand il veut, avec du matériel varié conçu pour correspondre à son envie du moment. « En fonction de l’activité à réaliser, tous ces espaces répondent à différents besoins. Nous avons par exemple un coin littérature, où les enfants peuvent lire au calme, mais aussi des espaces où jouer à plusieurs, des espaces pour s’isoler… Cette classe de tous les possibles implique de mettre en place une pédagogie où les élèves ne feront pas tous la même chose en même temps. A priori, ça peut paraître compliqué, mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. »

Un dispositif pédagogique basé sur la différenciation

Faire évoluer l’espace de classe de manière à correspondre aux besoins individuels des élèves a un impact positif sur la manière dont ils travaillent et interagissent. La classe flexible encourage les pédagogies différenciées et actives, permettant ainsi à chaque enfant d’apprendre à sa façon. « En offrant à l’élève différentes assises et en lui proposant un vaste choix d’activités, de jeux et de manipulations d’objets, on maximise son intérêt, sa motivation, et donc ses capacités d’apprentissage. »

Les enfants travaillent sagement
© Éléonore Sprimont


En ce sens, la classe flexible rencontre les ambitions formulées dans le Programme de Politique Générale de la Ville de Bruxelles, qui visent à renforcer la pratique d’une pédagogie différenciée basée sur des apprentissages qui respectent le rythme et les besoins de chaque enfant et à poursuivre la promotion des pédagogies actives centrées sur l’autonomie et la coopération.

Des élèves appliqués
© Éléonore Sprimont


Par ailleurs, permettre à l’élève de choisir le poste de travail qui lui convient le mieux en fonction de l’activité qu’il doit effectuer augmente son facteur plaisir, et par extension sa motivation. « Les enfants savent que lorsqu’ils rentrent en classe, ils vont avoir plusieurs possibilités pour apprendre, expérimenter, se déplacer librement, sans ressentir de contrainte. Ils savent qu’ils ne vont pas devoir rester assis plusieurs heures d’affilée, qu’ils vont être stimulés. »

Un mode d’évaluation bienveillant

Pour encourager et conserver cette motivation, l’évaluation se fait avec des ceintures de couleur qui définissent le niveau de progression dans une compétence donnée. « Les enfants débutent tous par la ceinture blanche. Durant l’année et selon les compétences acquises, ils valideront plusieurs couleurs de ceinture correspondant à différents niveaux de progression. Avec ce système, on évite la stigmatisation ou le découragement suite à une mauvaise note », explique l’interrogée.

De cette façon, les enfants participent activement et toujours dans une dynamique d’interaction : « Les élèves qui ont bien compris la matière et se sentent suffisamment en confiance peuvent l’expliquer à leurs camarades. En tant qu’enseignante, ça me permet de voir si celle-ci a bien été acquise. Un élève qui est capable d’expliquer clairement aux autres ce qu’il a appris est un élève qui a véritablement compris. »

La coopération prime entre les élèves
© Éléonore Sprimont


Et puisque les échanges et la coopération priment, le principe de la classe flexible s’exporte aussi à la maison, avec les parents. « Nous avons aussi un cahier de suivi individuel par élève. Celui-ci me permet de noter des observations ou de donner des petits jeux-devoirs à faire à la maison. Par exemple, si un enfant a des difficultés à syllaber, je vais lui prêter un jeu de cartes adapté et je vais impliquer les parents en leur demandant de jouer avec leur enfant. De cette façon, l’élève évolue très vite. »

Placer l’enfant au centre de l’apprentissage

Dans les projets éducatif et pédagogique de la Ville de Bruxelles, l’expérience et l’intérêt de l’enfant constituent l’amorce de la démarche éducative. Dans ce cadre, les écoles se doivent d’aider chaque enfant à développer au maximum ses potentialités en privilégiant les méthodes, approches et pratiques pédagogiques qui se fondent sur l’individualisation, la différenciation, la remédiation, ainsi que la réalisation de projets communs favorisant la collaboration et la coopération entre élèves, enseignants et parents.

Cependant, passer d’une classe « traditionnelle » à une classe réaménagée ne se fait pas du jour au lendemain. La classe flexible implique une véritable réflexion en amont et un changement de pédagogie pour l’enseignant. « Réaménager une classe et adapter sa façon de donner cours peut être déstabilisant au début, mais le changement fait partie intégrante des apprentissages. L’école doit aussi se décloisonner pour ne pas enfermer l’enfant dans un rôle étriqué où ses droits et ses devoirs sont formatés (se taire, être sage, rester statique…). Bien sûr, ces aspects sont nécessaires par moments, mais ça ne doit pas devenir un conditionnement qui engendrerait des blocages chez l’enfant et l’empêcherait de s’épanouir pleinement. Cette liberté que donne la classe flexible n’a qu’un seul objectif : offrir aux enfants les meilleures conditions possibles afin de maximiser leur envie d’apprendre. »

Pour aller plus loin

Vous souhaitez obtenir des informations sur la démarche, ou vous lancer dans un projet similaire ? Contactez Éléonore Sprimont : eleonore.sprimont@brucity.education 

Gemaakt 13/01/2021 (bewerkt op 21/01/2021)
Une élève lit sagement