L’Institut De Mot-Couvreur engagé dans la lutte contre le harcèlement

Dans nos écoles, la lutte contre toutes les formes de harcèlement fait partie des priorités sur lesquelles nous travaillons. C’est le cas à l’Institut De Mot-Couvreur, où de nombreuses initiatives sont imaginées et développées en partenariat avec les équipes éducatives depuis 2017.

À l’Institut De Mot-Couvreur, une cellule anti-harcèlement a été mise en place depuis 2017. Nommée « MAH » pour Mouvement Anti-Harcèlement, elle est composée de trois membres de l’équipe éducative, parmi lesquels deux professeurs, Véronique Janssens et Naja Yattouti et un éducateur, Zakaria Aaribou. Tous travaillent en étroite collaboration avec le centre PMS et le service de la médiation de l’établissement.

Un objectif stratégique pour le bien-être des élèves

« Tout a démarré avec l’ASBL « Loupiote », explique Véronique Janssens, professeure de français. Cette Organisation de Jeunesse (OJ) avait lancé un appel pour que les enseignants s’impliquent dans la problématique du harcèlement au moyen de formations destinées à les outiller. À la demande de notre ancienne directrice, Christine Saegerman, et parce que nous étions vraiment intéressés par la problématique, nous avons donc assisté aux deux modules proposés par l’ASBL ».

Thématique chère au Département Instruction publique, la lutte contre toutes les formes de harcèlement figure également dans les objectifs du Programme de Politique Générale de la Ville de Bruxelles, qui entend prôner un enseignement bienveillant basé sur le respect mutuel et le bien-être psychologique et physique.

Une action qui se retrouve également dans le cadre du plan de pilotage de l'école, comme l’explique Martin Pirotte, actuel directeur de l’établissement : « La lutte contre le harcèlement est liée au bien-être général de l’établissement ainsi qu’à l’objectif d’amélioration du climat scolaire. En conséquence, nous avons cette année pu élargir notre documentation pédagogique par l’achat de livres ou de jeux consacrés à cette problématique. »

Des séances d’information et des groupes de parole

En parallèle, la cellule a mis en place une permanence, à raison de deux heures par semaine, durant laquelle ses membres peuvent recevoir en toute discrétion des élèves qui subissent un harcèlement ou en sont témoins. « Nous commençons toujours l’année par une séance d’information. Nous projetons des vidéos (reportages, extraits divers) pour amener les élèves à prendre la parole et définir ce qu’est le harcèlement. Un des objectifs est de leur faire prendre conscience de la gravité du phénomène et de les inciter à dénoncer ce type de comportement », complète Naja Yattouti, enseignante en langues germaniques à l’Institut.

Un comportement auquel les jeunes sont sensibilisés de plusieurs façons, enchaîne sa collègue : « Suite à un appel à projets lancé en 2019 par la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous avons été particulièrement attirés par l’opération ‘Sors de ta bulle’, imaginé par l’ASBL Millenials. L’idée consiste en un dispositif de bulle géante installé au sein de l’école, dans laquelle un.e influenceur.euse, un.e psychologue et les élèves peuvent échanger en toute intimité sur ces questions. Afin de favoriser ces échanges, l’enseignant n’a pas le droit de rentrer dans la bulle, mais un rapport est fourni à l’école en fin de séance. »

Des élèves dans la bulle

Le principe de faire participer les élèves à une discussion ouverte avec des personnes connues, qu'ils apprécient et dont ils se sentent proches est une démarche qui vise à conscientiser tant les harcelés que les harceleurs. Une expérience qui s’est révélée positive, si l’on en croit le retour des élèves.

Des « ambassadeurs » et des pratiques numériques éclairées

Soucieuse de multiplier les approches, la cellule mise également sur le recrutement d’ambassadeurs au sein de l’école, c’est-à-dire d’élèves plus âgés dont la mission consiste à observer ce qu’il se passe et à être à l’écoute de leurs pairs. « Toutefois, en cette période de pandémie, le recrutement des ambassadeurs est un peu compliqué. Les élèves étant davantage chez eux, les échanges sont moins évidents. Paradoxalement, bien qu’ils se retrouvent davantage exposés aux écrans, nous avons constaté une diminution des cas de harcèlement. »

Une spécificité qui s’explique en partie grâce à l’utilisation d’outils numériques comme Smartschool, implémenté dans l’école depuis quatre ans, et qui permet à l’élève de contacter facilement et en toute discrétion son professeur. « En général, explique le directeur, les problèmes apparaissent sur les réseaux sociaux et se règlent en présentiel. Avec Smartschool, les élèves ont peut-être une autre approche parce qu’ils ont appris à utiliser cet outil numérique dans le cadre scolaire. »

« Insistons aussi sur le fait dans notre séance d’information, on parle beaucoup des réseaux sociaux et des dangers qui y sont liés, ajoute Véronique Janssens. On leur fait comprendre qu’il n’y a pas d’impunité sur Internet, quoiqu’ils en pensent, et que les règles qui sont d’application dans la ‘vraie vie’ valent aussi pour le virtuel. »

Outre la permanence et les initiatives externes, les élèves de l’Institut ont aussi réalisé un clip, filmé façon ‘mannequin challenge’. « L’intention était d’illustrer toutes sortes de scènes de harcèlement, explique Naja Yattouti. La vidéo dure cinq minutes et montre les conséquences d’un tel comportement, jusqu’à l’issue fatale. » Une démarche formatrice qui a d’ailleurs été aussi expérimentée en 2019 par des élèves de l’Institut Diderot.

Une culture d’école axée sur l’écoute et la prévention

« Tous ces projets se font sur base volontaire et les équipes éducatives veillent à insuffler un esprit de classe solidaire, de soutien mutuel, de rapport à l’autre », ajoute la professeure de français. « À côté de ça, nous faisons régulièrement le tour des classes pour voir comment les élèves se sentent. Parfois, le relais d’informations se fait via d’autres titulaires de cours ou éducateurs, mais en général le signal provient d’un.e élève ou d’un.e enseignant.e. Enfin, en début d’année, on insiste auprès de nos collègues – surtout les nouveaux – pour les informer de notre existence et des actions qu’on met en place. »

Depuis 2017, l’Institut De Mot-Couvreur n’a cessé de mettre en place des projets visant à libérer la parole afin d’instaurer un cadre dans lequel chaque élève se sente à sa place et en confiance. Au-delà de la sensibilisation, pour l'équipe c’est aussi la culture de l’établissement qui est capitale : « Les jeunes sont confrontés à ces questions dès le primaire, ils ont donc déjà des connaissances lorsqu’ils arrivent en secondaire. Mais, parfois, c’est à nous d’être vigilants et attentifs, car ils peuvent confondre harcèlement et conflit. Le plus important est donc de les faire parler, de les amener à exprimer ce qu’ils vivent pour comprendre ce qu’il se passe. Dans tous les cas, nos élèves savent qu’ils sont écoutés, et ça contribue à leur bien-être ».

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Gemaakt 03/03/2021 (bewerkt op 04/03/2021)
Exposition "ça te regarde"