À l’école fondamentale du Tivoli, l’intégration scolaire existe depuis une dizaine d’années. Basée sur des principes de bienveillance et de co-enseignement, elle vise à développer le potentiel et les capacités de chaque enfant au moyen de méthodes adaptées et variées.
Initiée par la Ville de Bruxelles en 2010 , l’intégration des élèves à besoins spécifiques vise à permettre aux enfants présentant divers troubles de poursuivre leur scolarité dans un enseignement ordinaire moyennant la mise en place d'aménagements raisonnables. Conformément au Programme de politique générale qui souligne l’importance d’adapter les structures et les activités de manière à renforcer l’intégration des enfants, de nombreux établissements modifient leurs structures et leurs activités afin d’accueillir ces jeunes au mieux et de manière à favoriser les apprentissages. C’est notamment le cas à l’école fondamentale du Tivoli dans l’enseignement primaire, où 23 élèves poursuivent un cursus pluridisciplinaire dans lequel la mise en commun et l’adaptation sont maîtres-mots.
Une approche pédagogique qui mise sur le co-enseignement
Pour offrir à ces enfants une démarche pédagogique répondant à leurs besoins et leurs difficultés, l’école fondamentale du Tivoli collabore avec le centre Pédagogique de Vlaesendael. Deux institutrices de cette école viennent y donner cours à temps plein. En prime, les élèves en intégration y sont suivis une fois par semaine durant une heure par une logopède ayant longtemps travaillé dans le spécialisé, lors de séances individuelles. Plus récemment, une ergothérapeute est venue compléter cette équipe pluridisciplinaire.
Pour développer les capacités de chaque enfant, qu’il bénéficie d’aménagements raisonnables ou non, l’équipe éducative peut compter sur une ambiance de travail où la collaboration et le dialogue sont de mise : « Nous avons la confiance de notre direction et une bonne amplitude d’action et de décision. On ne sent pas « obligé » de faire les choses d’une certaine façon, et c’est ce qui nous permet de nous adapter entre collègues. On a aussi d’excellents contacts avec l’équipe PMS. La psychologue et l’assistant social sont très proactifs et présents durant les réunions de parents et les conseils de classe » explique la logopède, Françoise Autrique.
Un avis partagé par Catherine Vergison et Brigitte Craps , les deux institutrices de l’intégration : « La continuité dans les apprentissages n’étant pas toujours simple, la concertation entre collègues est vraiment indispensable. En parallèle, le fait que nous soyons tous formés dans différents domaines de la pédagogie nous permet d’avoir des approches qui sont différentes mais complémentaires, ce qui est une vraie richesse. »
Des méthodes et des stratégies d’apprentissage adaptées à tous les élèves
Soucieuse de ne laisser aucun enfant sur le côté, l’équipe éducative privilégie des stratégies d’apprentissage et des outils adaptés à chaque enfant, qu’il souffre de troubles instrumentaux ou non.
L’idée est de mettre en place une multitude de procédés différents au service de la lecture et de l’écriture : « Pour aider les enfants dyslexiques, nous avons également des réglettes (des petites lattes qui isolent les phrases) ou encore une typographie adaptée, avec un interligne plus grand et des caractères plus lisibles. En définitive, nous proposons ceci à tous les enfants, parce qu’ils préfèrent aussi avoir un texte plus aéré, dans lequel ils peuvent prendre des notes. Ensuite, la question de la compréhension à la lecture s’est posée : déchiffrer ne suffit pas, il faut inférer. Nous nous sommes donc beaucoup intéressés aux stratégies de lecture développées par Jocelyne Giasson (professeure et chercheuse au Canada à l’Université de Montréal) et qui consistent à combiner plusieurs moyens à mettre en œuvre pour comprendre un texte » complète l’institutrice.
Des groupes hétérogènes pour apprendre collectivement et éviter la stigmatisation
Consciente des enjeux du collectif dans les apprentissages, l’équipe encadrante privilégie les groupes hétérogènes dans son approche pédagogique. C’est la raison pour laquelle l’institutrice leur propose toujours un travail en trois étapes : « En premier lieu, l’enfant réalise l’exercice seul dans une couleur. Ensuite, il peut discuter avec un voisin et faire des annotations dans une autre couleur. Enfin, un échange avec le groupe est effectué dans une troisième couleur. Cela signifie que l’élève peut se relire sous trois prismes : le sien, celui de son voisin et celui de l’échange collectif. » Une méthode qui correspond en substance aux techniques SVA, et qui permet à l’enfant de ne jamais être confronté à l’échec.
La table d’appui : du sur-mesure pour développer les capacités des élèves
Aussi appelé « to-do », plan de travail ou encore contrat d’apprentissage, la table d’appui correspond aux tâches que les enfants vont devoir réaliser à certains moments de la semaine. Les exercices peuvent se faire sous plusieurs formes (sur papier, sur tablette, via un jeu) et, en fonction des difficultés à explorer, une institutrice ou un instituteur de la remédiation ou de l’intégration est présent pour les aider.
Ces outils d’aide à la réussite invitent l’enfant à se poser la question suivante : « de quoi ai-je besoin pour réussir cette tâche, qu’est-ce qui va m’aider ? », favorisant ainsi la démarche d’autonomie, par ailleurs chère au Programme de Politique Générale de la Ville de Bruxelles, où l’apprenant – ici, l’enfant – apprend en faisant.
Partir du potentiel de l’élève pour le porter vers la réussite
Ce que l’équipe éducative souhaite donc mettre en évidence, c’est l’effort qui a été fourni et les progrès qui en résultent. « Les enfants confrontés à des difficultés depuis qu’ils sont tout petits ont généralement besoin d’être davantage épaulés et rassurés. Ils se rendent comptent de leurs différences. C’est pour ça que nous sommes toujours dans une démarche de construction et de non-stigmatisation » complète Carine Devroede.
Pour la directrice de l’établissement, le leitmotiv de l’école est de viser les mêmes compétences pour tous, mais avec des moyens adaptés qui respectent le rythme de chacun. « Ce qui prime, c’est la mise en commun systématique : tout le monde se réunit et échange sur ce qu’il a produit. Plus l’enfant sera dans un environnement où les possibilités sont multiples et les niveaux propres à chacun, plus vite il sera capable d’évoluer. Sinon, on l’isole dans ce qu’il est capable de faire et on risque de ne pas lui donner envie d’aller plus loin. En parallèle, il faut aussi lui donner la possibilité d’avancer à son rythme. J’utilise souvent l’analogie du vélo comme illustration : tous les enfants apprennent-ils à pédaler en en même temps, de la même façon ? Non, et pourtant ils finissent généralement tous par y arriver. C’est la même chose pour les autres apprentissages. »
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