Un tremplin pour le jeune vers une réinsertion scolaire réussie !
Frédérique Frémaux, directrice de l'école Robert Dubois.
La rentrée scolaire : la joie de retrouver ses amis, d’échanger les nouvelles, d’arborer ses fournitures neuves, d’apprendre de nouveaux savoirs, de continuer à évoluer, l’envie de découvrir encore plus le monde qui nous entoure... Malheureusement, la rentrée ne résonne pas aussi positivement pour tous les élèves. Quand celle-ci rime avec cauchemars, stress, dépression, appréhension, envie de vomir, les médecins parlent de « refus scolaire anxieux », communément connu sous l’appellation de phobie scolaire. Pétrifiés, certains jeunes ne veulent plus se rendre à l’école. Le "refus scolaire anxieux" touche en moyenne 5% des jeunes en consultations pédopsychiatriques en Belgique. Si l’adolescent présentant une anxiété scolaire n’est pas pris en charge au plus vite, il risque de présenter de lourdes conséquences au niveau de sa sociabilisation et de sa scolarité.
L'Instruction publique de la Ville de Bruxelles engagée contre la phobie scolaire
Consciente de cet enjeu sociétal et soucieuse d’offrir à tous un enseignement de qualité et les mêmes chances d’apprentissage et de réussite, l’Instruction publique de la Ville de Bruxelles a créé en 2015 la structure « Les Ados de Robert Dubois ». Dans toute la région de Bruxelles, elle est toujours la seule école à accueillir des jeunes de l’enseignement secondaire en situation de phobie scolaire. L’objectif est une remise au travail pédagogique, pour une réinsertion scolaire dans l’école d’origine, grâce à une approche individualisée.
L’école accueille ainsi 20 jeunes de 12 à 18 ans présentant une phobie scolaire récente, sans trouble d’apprentissage majeur et sans psychopathologie sévère, pour une durée maximale de 10 mois. Dans un espace qui permet de réunir les aspects pédagogiques et psychothérapeutiques de la phobie scolaire, à travers une collaboration avec l’équipe de pédopsychiatrie de l’Huderf, chaque jeune est invité à construire un projet pédagogique propre.
Les cours se donnent de manière individualisée en partant de là où le jeune s’est arrêté dans son cursus traditionnel tout en essayant de le faire progresser. « Les Ados Robert Dubois » est situé dans une maison de type familial, avec une ambiance chaleureuse et accueillante. En plus des cours généraux, l’établissement propose des ateliers (culturels, sportifs, artistiques, autour de projets ...) visant la sociabilisation du jeune, ainsi que des groupes de parole.
Témoignages
Catherine qui est à " Les Ados de Robert Dubois" depuis fin mai début juin 2020. Elle nous confie ses impressions et les particularités qu’elle apprécie dans le fonctionnement de l’établissement.
L’établissement fonctionne comme une école normale. On y va toute la semaine. Cela faisait un an et demi que je n’étais plus retournée à l’école. L’environnement est agréable, les profs sont super gentils. On sent que ce sont des profs qui ont l’habitude et savent comment gérer notre façon de réagir. On arrive à mieux avancer dans la matière que dans une école classique voire même plus vite pour certaines matières.
L’horaire est idéal. Il est beaucoup mieux qu’une école classique. Le matin, une nouveauté de cette année que je trouve géniale, on arrive à 8h20 et on a une demi-heure pour parler, se préparer à avoir cours. À 8h50, les cours commencent. C’est bien, car on n’est pas directement dans le travail dès qu’on est arrivé. On peut avancer à notre rythme dans la matière. On prend le temps d’expliquer et justement c’est ça qui est bien. Si je n’ai pas compris quelque chose, il n’y a pas de problèmes, les professeurs réexpliquent. Comparé à l’école d’origine, je n’ai pas la peur de demander plus d’infos ou qu’on me réexplique. Ça, c’est ce qui est très bien ici.
On peut avoir cours à plusieurs élèves. Dans ma classe, nous sommes trois. On a trois salles de classe, donc trois pièces dans lesquelles on travaille, dont une salle d’art. On arrange les tables comme on veut. On est maximum trois élèves par professeurs. Je suis en cours principalement avec trois élèves dans la même année et la même option, du coup.
On a 2h de gym ,et 2h d’art par semaine. Une semaine sur deux, on a 1h avec un groupe de paroles pour s’exprimer vis-à-vis de l’école et de la vie en général. On a aussi 2h par semaine d’une activité choisie au préalable soit par les profs soit ensemble. L’année passée, on a fait du slam pendant trois semaines. La semaine passée, on a fait des brownies, par exemple.
Je me sens mieux, même vis-à-vis de reprendre l’école. Avant, même venir ici, je ne m’imaginais pas et encore moins avoir des cours. Et maintenant, je pense que je serais prête à retourner à l’école normale.
Jean-Rémi Dierickx, professeur de physique, travaille depuis 16 ans à l’école Robert Dubois. Il a rejoint la section ados à plein temps dès son ouverture. Il raconte :
C’est un centre dans lequel je m’épanouis bien. Je donne cours de physique et c’est un petit cours que personne n’aime bien. Et ici je peux sortir des sentiers battus et utiliser d’autres formes de pédagogies pour finalement réussir à intéresser les jeunes et faire en sorte qu’on passe, eux et moi, un bon moment. Je ne dis pas qu’à la fin ils sont passionnés en physique, mais en tout cas on réussit à apprendre de chacun finalement. J’aime beaucoup travailler ici pour l’aspect humain que ça représente et… oui puis voir les belles évolutions qu’on a presque tous les ans. On a quand même de bons résultats en général et ça fait plaisir un petit merci, une petite lettre, un petit retour d’élève. Là tantôt on a eu une visite d’une ancienne élève qui est passée dire bonjour. Elle s’est inscrite à l’unif. Ça fait toujours plaisir.
On est une équipe de profs assez soudés. On travaille assez facilement ensemble. On n’a pas des classes, on donne cours les uns à côté des autres. C’est chouette pour la matière : on peut faire des liens entre les différents cours puisqu’on entend ce qui se donne. L’endroit où je travaille, je ne voudrais pas être ailleurs. C’est vraiment quelque chose d’enrichissant. Je me rends compte qu'avec le temps je suis beaucoup plus patient et beaucoup plus compréhensif par rapport aux exigences qu’on pourrait avoir avec des élèves dans un enseignement plus traditionnel et par rapport à ce qui se passe dans la vie d’un jeune en dehors et qui a aussi des répercussions dans leur capacité à être bien en cours tous les jours. Ici comme on est en cours particulier, on peut jauger : mauvaise nuit, mauvaise nouvelle… Comme ils sont plus fragiles, on a l’occasion de voir ça : on peut les sortir de cette morosité même avec un cours comme la physique : un chouette résultat.
La réussite pour tous
Ainsi, dans le respect de l’individualité de chacun, les équipes éducatives de la Ville de Bruxelles mettent tout en place pour accompagner les élèves dans leurs spécificités et dans leurs difficultés. L’Instruction publique accorde une attention particulière aux élèves aux besoins spécifiques afin de garantir leur droit à suivre, autant que possible, leur scolarité dans l’enseignement ordinaire.