Lors de la Journée internationale de la lutte contre les violences à l’égard des femmes, le 25 novembre 2021, plusieurs actions se sont déroulées au sein des établissements d’enseignement supérieur de la Ville de Bruxelles.
Parmi celles-ci, un ciné-débat était organisé au Cinéma Palace, autour du documentaire #SalePute pour sensibiliser au harcèlement en ligne. Les élèves et étudiant.e.s de l’Académie Royale des Beaux-Arts et de la Haute École Francisco Ferrer étaient présents ainsi que Faouzia Hariche, Échevine de l’Instruction publique, et Delphine Houba, Échevine de la Culture.
Pendant 57 min, les jeunes étaient plongés dans l’épidémie de haine en ligne à l’égard des femmes. Ils ont ensuite eu l’occasion d’échanger avec l’une des réalisatrices, Myriam Leroy.
Un ciné-débat inspirant le changement
Anas Zaytouni travaille depuis 13 ans pour l’Instruction publique. Depuis 2020, il est directeur du Département Pédagogique de la Haute École Francisco Ferrer. Il a participé au Ciné-débat.
Durant le débat, j’étais très heureux de constater, combien nous avons des étudiants engagés, motivés, qui dépassent l’analyse et le constat pour essayer d’être directement dans l’action et le questionnement. Ils étaient très vite orientés vers le combat, l’engagement, le militantisme sur ces questions-là. J’essaye en tant que Directeur du Département Pédagogique de nous positionner sur des sujets de société, sur des phénomènes éducatifs et sociétaux, et d’inspirer les étudiants à être acteurs du monde.
Il était intéressant de bénéficier du point de vue de Myriam Leroy, poursuit-il, qui a permis de susciter le débat. Et le fait d’être associé aux élèves du dernier degré du secondaire de l’ARBA a également apporté une plus-value. On a donc pu aborder les questions de violence faites aux femmes, de cyberharcèlement, de discrimination… Tout en ayant le regard des futurs enseignants qui se posent des questions concrètes : comment lutter contre ce phénomène et quelle place pouvons-nous prendre en tant qu’enseignants ? Que pouvons-nous mettre en place avec nos futures classes ? Comment prendre part au ‘combat’ et quel ‘combat’ pouvons-nous mener ? Les interactions croisées entre les étudiants du secondaire et du supérieur ont créé une belle dynamique. Un type d’échange réciproque intéressant qui nous a amenés à poursuivre le travail avec les collègues de l’ARBA : on aimerait mettre en place un projet pour la prochaine Journée internationale des violences faites aux femmes sous forme de conférences associées à des productions artistiques et culturelles.
Un ciné-débat philosophique pour outiller l’ensemble du corps enseignant
Vanessa Decnoop travaille depuis 10 ans à l’Instruction publique de la Ville de Bruxelles. Maitresse assistante en philosophie à la Haute École Francisco ferrer, elle a participé à l’évènement avec ses classes de futurs enseignants de français et de cours de philosophie et citoyenneté.
Je conseille le film pour tous les futurs professeurs. Même en mathématique on peut se retrouver face à des propos d’élèves déplacés. Il faut être outillé pour faire face à certains propos. Je recommande donc pour tous les enseignants en général : des maternelles au supérieur.
Un ciné-débat sur le cyberharcèlement sexiste
En amont de la projection, elle avait demandé à ses étudiants un travail de présentation sur la théorie du genre et l’impact du langage sur la réalité.
Philosophiquement, c’est un documentaire très porteur, mais il faut pouvoir maitriser les concepts pour pouvoir comprendre la finesse du documentaire. Il vaut mieux travailler en classe sur le thème du langage performatif, qui crée des réalités, dans la théorie du genre pour qu’ils comprennent toute la portée du documentaire. On parle beaucoup de l’insulte genrée et des attaques envers les femmes. Je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui ont grandi dans un paradigme fermé dans lequel on ne comprend pas certains termes. Sale pute est vraiment une insulte qui ne vise que la femme et qui montre que c’est vraiment dans la société qu’il y a un problème. Ce ciné-débat a apporté à mes cours l’aspect vraiment concret et le rapport à la réalité. Les élèves de l’ARBA et mes étudiants ont bien participé. On sentait l’implication dans le thème de la part de tous et toutes.
Un ciné-débat partageant les aspirations de l’Instruction publique
Le cyberharcèlement, en 2021, touche 73 % des femmes dans le monde. Ces comportements laissent des traces indélébiles, et les conséquences peuvent être tragiques pour les victimes.
Mon souhait est qu’à l’issue de cette projection, les victimes se sentent moins seules, écoutées, et qu’elles soient davantage aiguillées pour mieux gérer ce type de situation. Tout au long de l’année et par différents biais, nous invitons nos élèves et étudiants, à réfléchir sur les actes qu’ils posent ou dont ils sont témoins. De cette manière, nous indiquons clairement que certains comportements sont intolérables. Explique Faouzia Hariche.
Ce ciné-débat répond aux enseignements promus dans le projet pédagogique de l’Instruction publique de la Ville de Bruxelles. En effet, outre la maitrise des évolutions technologiques et numériques, les élèves reçoivent une éducation générale à tous les médias. Celle-ci détermine plus que jamais nos visions du monde et nos relations avec autrui. Nos élèves apprennent à naviguer dans l’univers multimédiatique contemporain en humanistes avisés et en citoyens avertis.
De plus, l’égalité et le respect sont des valeurs fondamentales de l’Instruction publique de la Ville de Bruxelles. Ce ciné-débat répond aussi à nos objectifs visant à favoriser une prise de conscience des stéréotypes de genre, à développer le sens critique, à encourager les pratiques éducatives non discriminantes, à sensibiliser à l’égalité et à promouvoir la participation à des activités sans distinction de genre.