Voyage au cœur du conflit israélopalestien par des étudiant.e.s de la Ville

Du 25 février au 6 mars 2022, Ozan Özen, maître-assistant en histoire, et quatre étudiant.e.s de la Haute École Francisco Ferrer de la Ville de Bruxelles ont entrepris un voyage entre monts et vallées, désert et plages, Méditerranée et Mer morte : en Israël et en Palestine. Durant ce voyage, les étudiant.e.s, futurs enseignant.e.s ont été invité.e.s à se questionner et à travailler également leur esprit critique. Il.elle.s ont fait des rencontres humaines bouleversantes, ont été amenés à découvrir sur place le double narratif du conflit israélo-palestiniens et ses nuances. Il.elle.s sont parti.e.s avec des interrogations et sont revenu.e.s grandi.e.s avec des questions encore plus pointues.

Le Département pédagogique de la Haute École Francisco Ferrer (HEFF) soutient les projets internationaux de ses étudiant.e.s. En collaboration avec « Actions in the Mediterranean, ASBL », quatre étudiant.e.s en Sciences humaines (Agrégation de l’Enseignement secondaire inférieur) ont effectué leur stage alternatif dans le cadre d’un voyage d’études en Israël et en Palestine. Il.elle.s ont pu découvrir et étudier la complexité géographique, historique, sociale et politique de la région. Il.elle.s ont, entre autres, visité des ONG israéliennes et palestiniennes actives dans l’éducation, dans la lutte contre les discriminations du genre et dans l’analyse des évolutions politiques et sociales. Il.elle.s ont eu l’occasion de rencontrer de nombreux enseignants, universitaires israéliens et palestiniens, pour comprendre le rôle de l’enseignement et des programmes d’éducation dans la compréhension de la situation géopolitique contemporaine.

Ozan Özen nous précise :

En tant qu’enseignant formateur ce voyage est le résultat d’un processus d’apprentissage. Il a permis aux étudiants de comprendre la complexité des connaissances à avoir et surtout de constater la vision non-linéaire de la situation. Il y a des approches historiques, sociales, géographiques, économiques, etc. Ils ont abordé la question d’un point de vue panoptique. Ma formation est d’essayer de leur apprendre à être critique et pour cela le lieu de conflit est intéressant puisqu’on l’aborde dans le cadre d’un cours sur les questions vives en l’histoire. Donc des questions qui sont d’actualité et qui posent problème dans l’actualité. C’est un ensemble d’approches qui permet à nos étudiants d’avoir des outils méthodologiques d’application pour prouver leur esprit critique.

Les étudiant.e.s et leur enseignant étaient en bonne compagnie. Une formation, pour les préparer, leur avait été donnée en amont du départ. Le groupe était composé d’enseignants, de membres de directions d’établissements secondaires, d’animateurs, d’éducateurs et de chercheurs universitaires. Cette grande diversité leur a permis d’approfondir leur point de vue lors des visites et de diversifier les rencontres. Les étudiant.e.s en sont sortis enrichis intellectuellement, mais aussi socialement et humainement.

Une rencontre qui m’a marqué, nous confie une étudiante, est celle d’un soldat israélien qui a totalement changé de position. Il en avait une radicale, il était colon, et aujourd’hui, il fait partie de l’association qui défend vraiment le vivre ensemble. C’était la rencontre la plus forte, qui nous a le plus touché. On a aussi rencontré une rabbine qui nous a apporté énormément de connaissances et qui clairement ne défend pas cette position de colon. Elle souhaite et espère une solution à ce conflit. Ces rencontres nous montrent clairement que c’est possible de rencontrer des personnes qui défendent le vivre ensemble.

Sur place, ajoute un autre étudiant, nous nous sommes rendu compte que la population n’a pas forcément une idée de ce qui se passe dans d’autres villes, au-delà des check-points. Ces derniers revêtent une dimension politique particulière. Nous savions que les check-points filtrent les Palestiniens, mais avons remarqué qu’ils filtrent aussi les Israéliens. Ce sont des lieux prévus pour stopper les Israéliens et limiter leur accès au territoire palestinien.

Le voyage d’étude a donné l’opportunité de visiter quelques hauts lieux historiques et religieux tels que le Kotel (le Mur des Lamentations), l’Esplanade des Mosquées, l’Église du Saint-Sépulcre. Pour mieux comprendre la complexité sur l’histoire mémorielle de Jérusalem, ils ont bénéficié d’une visite guidée israélienne et arabe.

Nous avons effectué la visite guidée de la ville de Jérusalem, avec deux guides : l’un est Israélien et l’autre Palestinien. Avec eux, nous avons remonté les différents quartiers de la vieille ville de Jérusalem.  Sur les mêmes lieux historiques visités, il y avait donc deux discours, les deux narratifs étaient présents.

Les visites des villes de Hébron, Bethléem et Tel-Aviv ont également mis en lumière toute la portée historique et géographique de la région. Elles leur ont aussi permis de constater à quel point la population s’est habituée au conflit.

Durant notre voyage, nous avons été marqués par cette sorte d’opposition lancinante. La vie quotidienne continue, elle a même pris le dessus, mais il suffit d’une étincelle pour que tout le monde s’embrase, pour tout le monde s’active et se transforme en personne violente. Ce voyage prend encore plus de sens au vu des événements actuels dans la région et dans le monde. Les questions d’actualité sont abordées dans les classes de secondaire : les élèves posent des questions et demandent des clés de lecture sur ce qui se passe. Nos étudiants sont plus outillés à répondre à ces questions aujourd’hui, alors même qu’ils sont justement en stage grâce à la formation et au voyage.

En effet, cette démarche scientifique apprise nous sera être utile dans notre vie professionnelle, et pas seulement pour expliquer ce conflit à nos futurs élèves. Je retiens ces connaissances pour appliquer mes grilles de lecture et d’analyse critique pour les autres conflits. Comme ce qui se passe encore actuellement en Israël et en Palestine, ou même en Ukraine. Ce regard nuancé et critique qu’on doit avoir et travailler avec les élèves, il ne concerne pas seulement le conflit israélo-palestinien.

Ce voyage offre à ces futur.e.s enseignant.e.s en Sciences humaines une meilleure appréhension de la réalité d’une région et de l’aborder avec leurs élèves dans toutes ses nuances et complexités.

https://fb.watch/cusPc4LkAM/

Gemaakt 18/05/2022 (bewerkt op 18/05/2022)
Jérusalem