Agnès Florin a présenté la conférence de rentrée académique de l’Instruction publique et de la Haute École Francisco Ferrer, le 7 octobre 2022. La confiance en soi en était le thème principal. Retour sur quelques propos de cette psychologue, observatrice de l’école, professeur émérite de psychologie de l’enfant et de l’éducation à l’Université de Nantes.
Réputée pour ses études sur le développement du langage chez l'enfant, l'éducation de la petite enfance et le bien-être des enfants et des jeunes, Agnès Florin est l’auteure d’une série impressionnante de publications. Plusieurs de ses livres sont consultables en open access sur Internet ; ses articles sont pour la plupart accessibles sur la plateforme CAIRN, à laquelle les Bibliothèques publiques de la Ville sont abonnées.
Les recherches scientifiques d’Agnès Florin sont très documentées, notamment à partir d’études sur le terrain, réalisées à partir d’enquêtes, parfois à l’échelle nationale de la France. Ces études permettent des comparaisons intéressantes quant à l’impact de dispositifs éducatifs et pédagogiques sur le développement des enfants. Notre conférencière a notamment comparé le développement scolaire et personnel des enfants sous différentes contrées, par exemple avec le Vietnam. Depuis juin 2022, elle est aussi co-présidente du Centre national d’étude des systèmes scolaires, une instance d’excellence qui produit des études pluridisciplinaires et internationales, dans le domaine de l’éducation, ainsi que des activités de formation des acteurs de terrain, en France et à l’étranger.
Dans son exposé sur les enjeux de la confiance en soi, Agnès Florin a montré qu’en plus du rapport étroit entre confiance en soi et métacognition (composantes descriptives que l’on possède sur soi-même), la confiance en soi repose sur une série de variables dites « conatives », c’est-à-dire des dimensions « affectivo-motivationnelles impliquées dans le contrôle et l’orientation de la conduite ».
Il est établi que les élèves ayant des conceptions de soi positives dans le domaine scolaire poursuivent leurs études plus longtemps et ont une perception plus large de leur avenir. Or, de nombreux facteurs peuvent nuire à cette confiance en soi. Le suivi de très grandes cohortes d’enfants scolarisés en primaire en France, plusieurs milliers, montrent des tendances qui restent inquiétantes en 2022 : à tous les niveaux, la projection dans l’année scolaire est, par exemple, nettement moins sereine pour les filles que pour les garçons !
Pour améliorer la confiance en soi, l’OMS préconise d’élargir la perspective en prenant en compte l’interdépendance des compétences psychosociales. Celles-ci doivent idéalement déboucher sur la capacité à faire face efficacement aux exigences et aux défis de la vie quotidienne, à maintenir un état de bien-être psychique et à le démontrer par un comportement adapté et positif lors d’interactions avec les autres.
Pour ce faire, il convient de renforcer le pouvoir d’agir (empowerment), de maintenir un état de bien-être psychique, de favoriser un fonctionnement individuel optimal et de développer des interactions constructives.
Toutes ces compétences reposent finalement sur une vision holistique de l’enfant : des compétences à la fois cognitives, émotionnelles et sociales.
Le professeure Florin en appelle à 4 compétences spécifiques pour développer la confiance en soi, qu’elle décrit à l’aide d’exemples concrets : accroître sa connaissance de soi ; renforcer sa capacité à penser de façon critique ; développer sa capacité d’auto-évaluation positive ; augmenter sa capacité d’attention à soi (ou pleine conscience). Tout ceci s’inscrit dans un contexte de bien-être psychologique de chacun à l’école, qui contribue à son tour au développement de l’estime de soi et des compétences scolaires des élèves.