À l’occasion de la Journée internationale de la lutte pour les droits des Femmes du 8 mars 2023, de nombreuses initiatives se déroulent dans nos établissements. Les élèves de Jérôme Deleers, enseignant en communication visuelle à l’Institut Bischoffsheim, ont réalisé une affiche animée. Cette dernière illustre toute une galerie de personnages d’âge, de genres, et d’origine différents exerçant des métiers souvent considérés comme genrés. Rencontre avec cet enseignant enthousiaste autour de ce projet pédagogique original.
Passionné d’art depuis le plus jeune âge, cela fait quelques années que cet ancien coloriste et illustrateur de bandes dessinées pour Casterman dédie sa carrière à la transmission de son savoir et de son expérience. Dans son cours de communication visuelle, Jérôme Deleers parcourt le large champ des disciplines que cet art englobe : la bande dessinée, la publicité, la communication politique, les campagnes de sensibilisation…
Deux fois par an, Jérôme organise des ateliers durant lesquels il propose de travailler en synergie avec d’autres enseignant·e·s (français, CPC, les autres disciplines artistiques…).
« Le but est de mettre les élèves en situation professionnelle, explique-t-il. En effet, dans le milieu artistique, on répond souvent à des commandes que ce soit pour des associations, des entreprises, des politiciens… Mon but est de leur apprendre à communiquer un message grâce à une illustration pour les préparer à leur futur métier. »
« Outre les aptitudes en dessin que je dois leur apprendre, poursuit-il, je cherche à ajouter dans leur travail une réflexion sur eux-mêmes, sur le monde qui les entoure, et sur celui qu’ils souhaiteraient pour demain. Si mes élèves veulent changer les choses pour l’avenir de notre société, ils doivent faire un travail sur eux et être acteurs de changement. Ce projet d’illustration était une bonne occasion d’aborder les thématiques liées aux genres, notamment au cours de français. Ma collègue a écouté et récolté les avis bien différents, parfois sexistes, des élèves. Elle a ensuite avancé des arguments, et a approfondi la question en choisissant un documentaire qui montre des fonctions dans lesquelles on a moins l’habitude de voir des femmes. Elle a également donné des références historiques de femmes scientifiques et politiciennes. À l’inverse, elle a montré des hommes qui ont fait des parcours dans des métiers dits de femmes. »
« Pour réaliser l’affiche, les élèves devaient dessiner un personnage dont toutes les caractéristiques étaient à tirer au sort : genre, métier, âge… Je n’ai pas laissé le choix du dessin pour les mettre en situation professionnelle comme dans un studio d’animation. Une fois le premier personnage terminé, il fallait dessiner son pendant d’un autre genre. Si l’élève avait tiré au sort un policier cisgenre homme, il pouvait choisir de dessiner son pendant cisgenre femme, ou transgenre ou non-binaire. Le but était d’être le plus inclusif possible. »
De conclure : « J’essaye toujours que mes cours soient intéressants pour les élèves, sur le plan de l’épanouissement artistique, mais aussi du point de vue de l’épanouissement individuel, et global, c’est-à-dire collectif et sociétal. »