Le « devoir de mémoire » dans les écoles de la Ville

Le « devoir de mémoire » est une obligation démocratique, dont la nature est complémentaire au « travail de l’histoire », une discipline scientifique basée sur des méthodes critiques et analytiques. Les écoles de la Ville de Bruxelles en témoignent.

Depuis la Deuxième Guerre mondiale, le « devoir de mémoire » est à l’opposé de l’oubli. C’est le refus catégorique d’oublier les extrêmes qui ont conduit aux blessures indicibles du 20e siècle, les nationalismes, les fascismes, le nazisme, l’antisémitisme, la Shoah, le génocide Rwandais, le colonialisme, ...etc.

Comme l’explique Henry Rousso, directeur de recherches honoraire au CNRS, « le refus de l’oubli a conduit à l’émergence de la mémoire comme valeur politique fondamentale en sortie de crise » (émission de France Culture, 28 mars 2016).

La mémoire a donc une implication pour la construction d’un avenir commun : elle pose un choix de vie en société. C’est toute l’approche de l’ASBL «  Les Territoires de la mémoire » dont l’Instruction publique de la Ville de Bruxelles est membre : « Nous proposons des voies plurielles pour mobiliser les sensibilités du plus grand nombre, nous encourageons toutes les initiatives citoyennes capables de construire un meilleur ‘vivre ensemble’».

HEFF commémoration

C’est dans cet esprit que les élèves des écoles de la Ville commémorent les événements dramatiques du 20e siècle, jusqu’aux attentats de 2016 à Bruxelles. Mais sans histoire, la commémoration ne risquerait-elle pas d’être une « forme d’impuissance » ? Il importe assurément d’accompagner ce processus par le travail de l’histoire, à travers la recherche et la méthode critique, pour aboutir à un discours intelligible, dans toute sa complexité. Mémoire et histoire doivent se conjuguer.

Les écoles de la Ville prennent résolument ce chemin de la mémoire, en l’articulant au questionnement historique, dans un exercice intellectuel de la plus haute importance. Le « plus jamais ça », c’est avant tout apprendre et comprendre !

plusjamais ça !

À cet égard, les « Agoras des libertés » organisés deux fois par an par l’Athénée Léon Lepage, notamment aux alentours du 11 novembre, sont le point culminant d’un long travail agrégé pendant toute l’année scolaire, avec la récolte de témoignages, la lecture de documents, la visite de lieux historiquement chargés, comme la Caserne Dossin ou le Fort de Breendonk. Ces visites perpétuent le lien profondément humaniste chez les Lepagiens et concernent tant l'enseignement primaire que secondaire. Chaque année, une classe de 6e primaire et une autre de 1ère secondaire se rendent ensemble à la Caserne Dossin à Malines.

dossin

plus jamais ça !

Dans son programme de politique générale, la Ville a introduit pour ses écoles l’histoire de la colonisation. Celle-ci, longtemps cantonnée dans un rapport de dominants, fait l’objet de recherches avec les élèves, sur base de représentations théâtrales, de conférences, de visites d’expositions ou du Musée de Tervuren. Un travail est ensuite organisé en atelier « philo », pour déconstruire les stéréotypes et interroger des notions telles que le racisme, la tolérance, la démocratie

congo

musée afrique

L’histoire des écoles de la Ville est un autre sujet d’études, sur la base des témoignages d’élèves ou de professeurs disparus, anciens résistants ou déportés. Ceux-ci font l’objet de la pose de « pavés de la mémoire » sur le seuil des établissements, comme par exemple au Lycée Émile Jacqmain, pour Madeleine Level, Liba Stern ou Germaine Hannecart. Un travail de mémoire, par excellence, qui s’accompagne d’une réflexion historique en profondeur sur la déportation et le génocide des Juif·ve·s d’Europe et sur la résistance.

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Le Répertoire des Activités Socioculturelles Gratuites proposé par le Département de l'Instruction publique de la Ville de Bruxelles propose une série d’activités qui entrent en résonance avec cet objectif d’articuler « devoir de mémoire » et « travail d’histoire ».

Gemaakt 06/12/2023 (bewerkt op 07/12/2023)
Devoir de mémoire