À l’occasion de la Journée internationale des femmes et filles de sciences (11 février), l’Instruction publique de la Ville de Bruxelles rappelle qu’il existe partout dans le monde un écart important entre les sexes dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM). En dépit de leurs études et de leurs hautes qualifications, les femmes restent bien souvent sous-représentées dans ces catégories scientifiques. S’y ajoute, de surcroît, une minimisation assez systématique de leurs apports dans les sciences, ce que l’on dénomme l’« effet Matilda ». Dans les établissements scolaires bruxellois, de nombreuses enseignantes brillent par leurs talents scientifiques, doublés par des engagements démocratiques extrêmement forts. Ce fut le cas, par exemple, de Germaine Hannevart.
L’ONU souhaite tous les 11 février attirer l’attention sur les discriminations de genre dans la recherche scientifique et les carrières liées aux STEM. Elle pointe notamment ces quatre éléments au niveau mondial :
- Les bourses de recherche allouées aux femmes sont moins importantes que celles allouées à leurs collègues masculins ; bien qu’elles représentent 33,3 % de la population de chercheurs, les femmes n’occupent que 12 % des sièges dans les académies nationales des sciences.
- Dans les secteurs de pointe tels que l’intelligence artificielle, les chercheuses ne représentent que 22 % des professionnels.
- Malgré une pénurie de compétences dans la plupart des domaines technologiques moteurs de la 4e révolution industrielle, les femmes ne représentent que 28 % des diplômés en ingénierie et 40 % des diplômés en informatique.
- Les carrières des chercheuses ont tendance à être plus courtes et moins rémunérées. Leurs travaux sont sous-représentés dans les revues de haut niveau et elles sont souvent ignorées pour des promotions.
Dans l’histoire, on sait que certaines découvertes majeures faites par des femmes ont été attribuées à des hommes… C’est l’effet Matilda, dont le nom évoque Matilda Joslyn Gage (1826-1898), suffragette et auteure de l’essai « Women as inventor ». L’un des exemples les plus connus est celui de Rosalind Franklin, qui découvrit la double hélice de l’ADN bien avant Watson et Crick qui obtinrent, eux, le prix Nobel ! Jocelyn Bell, quant à elle, se fit voler la paternité de sa découverte du pulsar par son directeur de thèse qui lui rafla le prix Nobel en 1974…, une iniquité finalement comblée par le Breakthrough Prize qui lui a été attribué en 2018 !
En cette journée, l’Instruction publique de la Ville veut aussi rappeler le rôle primordial de ses enseignantes dans l’étude et la diffusion des sciences ainsi que dans l’éveil de vocations scientifiques. Le souvenir de Germaine Hannevart (1887-1977), professeure de biologie au Lycée Jacqmain, est à cet égard des plus remarquables. Cette brillante docteure en biologie (1922) fut une exceptionnelle enseignante qui aura marqué des générations d’élèves. Une photographie prise au Lycée témoigne de l’intérêt qu’elle suscitait auprès de ses jeunes élèves qui se montrent fascinées par une expérimentation.
Germaine Hannevart était aussi une personnalité immensément engagée pour les idéaux démocratiques. Membre du « Groupement belge de la Porte ouverte », important mouvement féministe en Belgique, elle fut la porte-parole pour défendre auprès du gouvernement le travail féminin dans les années « 30. Elle milita contre le fascisme, se rangea aux côtés des républicains lors de la Guerre d’Espagne, résista à l’occupant nazi, et manifesta encore contre l’emploi des armes bactériologiques pendant la guerre de Corée en 1952. Une scientifique, une enseignante, une femme d’engagements pour l’égalité.