« Je suis Charlie » ?

« (...) Aujourd’hui comme hier, les événements de l’actualité nous interpellent, nous affectent, nous bouleversent, nous mènent à adapter nos pratiques. »

Mercredi 7 janvier 2015, un attentat meurtrier a été commis contre la rédaction de Charlie Hebdo. Cet événement tragique a suscité un émoi légitime et une mobilisation internationale en faveur de la liberté d’expression. Pour beaucoup d’entre nous, cette mobilisation s’est exprimée à travers la campagne « Je suis Charlie ».

Tous ceux qui se sont approprié ce slogan approuvent-ils la ligne éditoriale du célèbre journal satirique ? Non : il y en a parmi eux qui ont trouvé telle caricature gratuitement irrévérencieuse ou inutilement vulgaire. Néanmoins, tous s’accordent pour défendre la liberté d’expression, suivant la célèbre maxime attribuée à Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire ». Cette maxime se dit aujourd’hui : « Je suis Charlie ».

Plus fondamentalement encore que la liberté d’expression, c’est l’humanité elle-même qu’ont niée les assassins des caricaturistes, des journalistes, des policiers et de ceux qui ont eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Ce ne sont pas seulement des idées qui ont été prises pour cibles, mais des êtres humains en chair et en os. Nous ne comprenons pas qu’un être humain puisse tuer froidement un autre être humain.

À cette incompréhension s’ajoute de l’inquiétude. Certains insinuent en effet qu’une part de responsabilité incomberait aux victimes elles-mêmes : ne l’auraient-elles pas un peu cherché ? C’est indécent. D’autres soupçonnent une large part de nos concitoyens de partager les idées des assassins. C’est injuste. Ce sont précisément ces types d’amalgame, de rejet, de repli identitaire, qui conduisent à la radicalisation.

Au contraire, recentrons-nous sur ce qui rassemble. Comme le soulignait Georges Wolinski, « À quoi ça sert d’être connecté à la terre entière, si on n’a rien à dire ? » La différence n’est pas pour nous une difficulté, mais une opportunité. Nous avons confiance en nos élèves, qui réagissent à l’attentat contre Charlie Hebdo avec leurs moyens d’adolescents et avec les outils que nous leur donnons. Nous avons confiance en nos professeurs et en nos éducateurs qui, malgré la proximité des événements, tentent d’apporter des éléments de réponses pertinents aux lourdes questions sociétales qu’ils soulèvent. Nous avons confiance en nos valeurs, réaffirmées dans le  nouveau projet éducatif de l’Instruction publique adopté par le Conseil communal le 13 janvier 2014 : égalité, justice sociale, neutralité dans le respect des convictions de chacun.

Aujourd’hui comme hier, les événements de l’actualité nous interpellent, nous affectent, nous bouleversent, nous mènent à adapter nos pratiques. Nous n’avons pas attendu les événements qui ont endeuillé la France les 7, 8 et 9 janvier 2015 pour travailler le vivre-ensemble jour après jour dans nos écoles. Continuons.

Panneau de présentation atelier philo

Photographie d’un panneau de présentation d’un atelier philo’ organisé à l’Institut Paul-Henri Spaak (avril 2014)

 

Gemaakt 16/01/2015 (bewerkt op 09/12/2019)
Photo d'un panneau de présentation d'un atelier philo organisé à l'IPHS en 2014