Qui a dit qu’il n’existait qu’une seule manière d’enseigner ? Institutrice à la Ville depuis 2001, Audrey Magerman et sa collègue Béatrice Juncker s’essayent à une nouvelle pédagogie avec leurs classes de troisième maternelle à l’école Christian Merveille : apprendre dans la nature. Après 20 ans de métier, Audrey Margerman continue à se réinventer et innover en recourant aux nouvelles pédagogies. Découvrez comment elle s’est lancée dans cette aventure et ce que signifie le concept « d’école dehors ».
L’appel à projets
L’année passée, Audrey Magerman avait entendu parler du concept d’école dehors, et souhaitait commencer avec sa classe. La directrice, Véronique Meerts ayant bien écouté le souhait de son institutrice a rempli pour elle un appel à projets lancé par Bruxelles environnement et… elles ont été sélectionnées !
Soutien inconditionnel de la direction
« Durant les périodes de confinement, nous avons constaté et compris que la nature nous est vitale, car elle améliore le bien-être, la capacité de concentration et la confiance en soi. Elle permet également de diminuer l’anxiété et la violence. En résumé, être régulièrement dehors améliore la santé physique, émotionnelle et intellectuelle des enfants. »
Les institutrices ont bénéficié de plusieurs jours de formations sur « l’école dehors » données par l’ASBL Tournesol. Cette association viendra également en février dans l’école Christian Merveille pour une grande concertation avec les collègues d’Audrey Magerman. Le but est de leur présenter les bienfaits du concept « d’école dehors », de les initier, les informer, les motiver, et si la sauce prend : en faire un projet d’école.
Véronique Meerts nous dit :
« Il suffit de regarder les enfants pour se rappeler que chaque flaque d’eau, chaque monticule de feuilles est un univers en soi dans lequel on peut découvrir, expérimenter, s’interroger. Utilisons cette nature comme source d’inspiration, pour donner du sens aux apprentissages et être à l’écoute des envies et des projets des enfants. »
Un accompagnement personnalisé
En parallèle des formations avec l’ASBL Tournesol, Aurdey Magerman profite d’un accompagnement avec l’ASBL Terra Commune financé par la Ville de Bruxelles. Pendant quatre sorties avec sa classe, deux personnes-ressources de l’association viennent animer les enfants. Concrètement, sur le terrain, les enfants et l’enseignante construisent et aménagent un espace éphémère à partir de branchages et d’une bâche. Cet espace permet à chacun de s’assoir et de s’abriter pour la collation, la discussion et le partage. Ensuite, les découvertes se font dans les bois par les activités d’observation, de toucher, de recherche, par l’imaginaire, le jeu et la manipulation. La nature nous offre tout ce qu’il faut !
« Ils affinent les connaissances que je peux leur enseigner »
Au terme de ces 4 sorties sur les thèmes des 4 saisons, une exposition aura lieu en fin d’années.
L’enseignement dehors : se réapproprier son environnement en travaillant
« Une pratique d’enseignement qui se fait de manière régulière dans l’espace naturel et culturel proche, de manière interdisciplinaire et en travaillant les objectifs du programme scolaire dans toutes les matières. » Selon le Council of Learning Outside the Classroom UK.
Dans cette optique d’enseignement du programme scolaire en dehors des murs de l’établissement, Audrey Magerman se promène aussi une fois toutes les deux semaines avec sa classe. Les formations avec l’ASBL Tournesol l’ont aidée à prendre confiance et à franchir le pas.
« En se promenant en ville, on repère les différents commerces du quartier, où se situe la bibliothèque, la gare du midi. La boite aux lettres de la poste également, grâce à laquelle nous allons envoyer du courrier. Ils apprennent à nommer les choses qui les entourent. Cela les stimule et améliore leur vocabulaire. Nous travaillons les formes géométriques grâce aux panneaux de circulation, aux fenêtres carrées, etc. L’idée est de se réapproprier son environnement. »
« Quand on va dehors, la notion de plaisir est également présente en faisant bouger les enfants. En ce moment, ils sont souvent sur les jeux vidéos, les tablettes, la télévision… Nous leur donnons le plaisir simple de se balader, de se sentir bien dans son corps. »
« L’idée est vraiment de travailler dehors toutes les notions de la maternelle qu’ils doivent acquérir »
« Un éveil, à soi, aux autres et à la nature »
Audrey nous a cité les bienfaits qu’elle a retenus et observés du fait de sortir de sa classe :
- Apprentissages dans la nature
- Autonomie et confiance
- Renforcement de l’immunité
- Reconnexion à la nature
- Collaboration et entraide
- Ancrage et enrichissement
« Pour ce projet, j’ai également le soutien des parents qui est important. Tous les enfants sont équipés pour passer la journée dehors que ce soit en ville ou dans la nature. »
« Je suis très satisfaite. Je perçois des changements positifs dans le comportement des enfants. Je ne peux l’expliquer, il s’agit d’une expérience qui se vit. Je suis également contente d’avoir eu la chance de bénéficier d’accompagnements qui m’ont beaucoup aidée. »
« Pour le futur, j’espère insuffler le mouvement et montrer aux collègues les bienfaits de sortir de l’établissement scolaire pour apprendre. Dans un premier temps, je pourrais les aider, les guider, mais surtout les écouter : entendre les peurs des collègues, leur laisser une place pour les formuler. C’est très important. »
