La langue de Molière résonne dans les classes de 5e primaire de l’école des Éburons. Un phrasé si particulier, un vocabulaire d’une autre époque, mais des thèmes bien contemporains ; voilà ce que découvrent les élèves grâce à l’animation « Quoi de neuf ? Molière ! » dispensée par l’ASBL Compagnie Gambalo.
Ce projet constitue une belle opportunité pour eux d’approfondir leur connaissance du français et d’enrichir leur vocabulaire grâce à plusieurs scènes du répertoire de Molière, et par la découverte du jargon théâtral et les particularités de cette discipline artistique rigoureuse. Une belle complicité entre art et instruction, entre une troupe et une direction d’établissement, qui ouvre des perspectives nouvelles aux enfants.
Nous avons rencontré Nicolas, un des des fondateurs de la Comgnaie Gambalo et Pascal Devaux, directeur de l’École primaire des Éburons, qui nous racontent le projet, sa genèse, ses objectifs pédagogiques et les bienfaits pour les enfants.
Naissance de la collaboration
La collaboration a été fortuite, se rappelle Pascal Devaux. Un collègue de l’Académie des Arts m’a envoyé Nicolas et Céline pour répondre aux ateliers d’aide à la réussite qui sont pris en charge à la Ville de Bruxelles. Ils sont donc venus animer les ateliers à la réussite en octobre 2013. Ils se sont orientés vers des ateliers artistiques des disciplines du théâtre, avec l’éloquence et la diction, et tout ce qui touche à l’art de la parole, la lecture, les contes et légendes. Maintenant, Nicolas travaille à l’Académie des Arts ; un jour, il nous a présenté le projet Molière dans la classe. Depuis 6 ans maintenant, les élèves de 5e chaque année participent à ce projet qui aboutit à une représentation dans un vrai théâtre à la fin de l’année, devant leurs parents.
Apports pédagogiques : imagination, langue française et réflexion citoyenne
Les élèves travaillent donc un auteur, la lecture, la diction. Le projet de Nicolas est également de transposer cela au goût du jour, avec l’apport de l’imagination des enfants. Dans ce projet, il y a donc toute cette richesse de l’inventivité au service de l’apprentissage innovant de la langue française. Ce qui est très bénéfique pour les élèves puisque souvent, ce n’est pas la langue parlée à la maison, poursuit Pascal Devaux.
Certains élèves montrent une envie débordante d’apprendre, d’étudier un texte, etc., ajoute Nicolas. Ils le font, et tous, ils passeront sur scène malgré leurs difficultés de langage, ou de timidité. Chacun a un petit rôle. On les encourage à se dépasser. De plus, on a instauré depuis l’année passée le fil rouge de la vie de Molière. Ils doivent représenter des saynètes de la vie de l’auteur. Concernant les objectifs, je rajouterais au-delà de tout ce que Pascal Devaux a dit un autre point : Molière a critiqué les travers de son temps qui restent totalement actuels de nos jours, comme l’avarice, les préjugés, les interprétations liées à la religion… Les élèves sont donc amenés à réfléchir à ces thématiques, à se demander comment ils diraient les textes dans leurs propres mots. Nous souhaitons les amener à défendre une idée, une opinion. Nous avons aussi comme objectif de montrer que le théâtre n’est pas un art élitiste, mais bien une forme d’art tout à fait accessible. Nous les emmenons aussi dans un théâtre qui fait rêver par le bâtiment même, son architecture et ses décorations. Par exemple, le Théâtre Royal du Parc. Se rendre là, c’est une fête pour les enfants. On s’arrange également pour que les enfants puissent rencontrer un des comédiens.
Perspectives nouvelles pour les enfants
La prestance et le cachet du Théâtre Royal du Parc sont magiques pour les enfants. Ils étaient habillés en costume, tous sur leur 31. Grâce aux aides de l’IP, nous pouvons leur permettre de vivre ce genre de nouvelles expériences , nous dit encore Pascal Devaux.
Maud, la scénographe de la troupe, accompagne également les enfants dans cette aventure. Elle leur parle de son métier, prépare une affiche avec eux et les accompagne dans la mise en scène de la pièce. Elle accessoirise les objets avec les enfants, les détourne de leur origine première pour en faire des éléments de l’espace scénique. Toute la scène est pensée et créée avec l’imaginaire des enfants.
Grâce à ces expériences, à ces connaissances nouvelles de l’art de la scène, des enfants enthousiasmés décident de poursuivre l’aventure dramaturgique.
J’ai beaucoup plus d’inscriptions de 6e à l’Académie. Ils ont testé lors de l’atelier Molière à l’école et veulent perdurer dans l’activité de l’art de la parole, constate Nicolas.
Dans la mesure du possible, je souhaite proposer aux élèves un maximum d’activités pour élargir leurs champs d’horizon. J’espère qu’ils se rendent compte de tout ce qui existe, le champ des possibilités qui est à leur portée, conclut Pascal Devaux.