Façon "one-man show" didactique, le spectacle Pizza Économie propose aux jeunes (et aux moins jeunes) d'élargir leur perception de l’économie en leur faisant découvrir des modèles économiques durables plus soucieux de l’environnement et de la justice sociale.
À l’heure où les marchés financiers vacillent suite à l’action coordonnée d’investisseurs individuels, parler d’économie et de modèles durables semble tout indiqué pour comprendre et déconstruire le système dans lequel nous nous inscrivons. Et c’est donc tout naturellement dans une pizzeria virtuelle que démarre le spectacle de Martin Ophoven : « Voici le diagramme de la pizza ! Qui aura la plus grande part ? (…) Mais la pizza, ça se partage pourtant, non ? ».
En utilisant ce produit de consommation très largement apprécié comme métaphore de l’économie de marché (mais pas que), Martin Ophoven pose un premier constat : la pizza, tout le monde en veut, mais tout le monde n’en obtiendra pas la même part.
Un spectacle interactif et co-construit
Au départ, cette pièce digitale a été créée par l’ULB dans le cadre du projet SEMod (Sustainable Economic Models), un projet lancé en 2018 qui vise à rendre accessibles aux jeunes les résultats de diverses études scientifiques récentes relatives aux motivations des entreprises adoptant des comportements pro-sociaux et pro-environnementaux. En effet, depuis que les marqueurs sociaux et écologiques virent au rouge, les organisations et entreprises s’orientent vers des modes de fonctionnement et de production plus durables. Le projet a donc pour objectif de présenter à des élèves et étudiants ces modes alternatifs afin qu'ils comprennent qu'ils peuvent agir, à leur échelle, sur plusieurs niveaux.
En guise de démarrage et pour inciter les élèves à participer derrière leurs écrans, le comédien propose donc en début de spectacle de l’aider à construire (en partie) l’histoire qu’il s’apprête à raconter au moyen d’un prénom, d’un métier, d’un ingrédient à mettre sur la pizza et d’un surnom. Pour cette représentation, nous avons donc suivi les pérégrinations de... Zadig, un jeune homme qui souhaite devenir actuaire et qui, bien sûr, aime la pizza.
« Dis-moi quelle pizza tu aimes, je te dirais qui tu es ! »
À travers une palette de personnages plus vrais que nature et une mise en scène originale, Martin Ophoven aborde, non sans humour, des problématiques contemporaines cruciales. De l’obsolescence programmée en passant par la raréfaction des ressources, le déclin de la biodiversité ou encore la crise climatique et migratoire, le comédien nous entraîne dans plusieurs réalités différentes qui sont toutes interconnectées.
En parallèle, chacun de ses personnages exprime en substance un modèle économique durable. On y retrouve celui de l’économie fonctionnelle (c’est-à-dire l’offre de l'usage d'un bien ou d'un service et non du bien lui-même), de l’économie circulaire (qui génère de la valeur économique à partir de choses qui n’en ont a priori pas), de l’économie responsable (qui repose sur des investissements dits « éthiques ») ou encore de l’économie partagée (aussi appelée collaborative, elle repose sur la mutualisation, la mise en commun plutôt que la possession).
« Quelle pizza allez-vous choisir ? »
L’objectif de cette mise en scène est d’amener le spectateur à choisir le modèle économique qui lui parle le plus, sur base des notions vues tout au long du spectacle et de ses propres sensibilités. « Si vous deviez créer vous-même votre activité, quel modèle économique choisiriez-vous et pourquoi ? » La question sous-jacente met en miroir les conséquences sociétales de nos choix économiques. En choisissant de conclure la pièce de la sorte, le comédien invite également les élèves à se questionner sur leur avenir et sur leur positionnement en tant que futur(e) citoyen(ne).
Qu’il s’agisse de la pizza Infiltrazione (qui vise à changer les entreprises « de l’intérieur »), de la pizza Regulare (qui vise à créer des lois plus contraignantes) ou de la pizza Sole Mio (créer sa petite entreprises avec des règles respectueuses et éthiques), chaque « pizza », ou plutôt chaque modèle économique comporte son lot de conséquences et de répercussions dans notre monde globalisé.
« L’important, explique le comédien, c’est de nuancer. Les entreprises ne sont ni bonnes ni mauvaises en soi. Il y a des gens vraiment impliqués, des gens qui ont envie de faire bouger les choses, d’autres qui vivent avec des conflits intérieurs… La réponse n’est jamais simple ou binaire. L’important c’est de comprendre qu’on peut influencer, changer les choses sur de nombreux niveaux, à différentes échelles. »
« Nous avons tous un pouvoir d’action »
Peut-on réellement produire toujours plus dans un monde où les ressources sont limitées ? L’économie de marché est-elle compatible avec l’écologie ? Qu’est-ce qu’une croissance « infinie » dans un monde fini ? Toutes ces questions sont abordées depuis maintenant plusieurs années mais la complexité de notre système globalisé et la nécessité de concilier des intérêts divergents rendent le changement compliqué.
« Bien sûr, faire évoluer les mentalités prend du temps. Mais pour ça, il faut aussi informer, sensibiliser, impliquer les gens, confie le comédien. La première fois que j’ai présenté cette pièce, j’avais axé les personnages sur les manifestants qui ont marché pour le climat. Mais on s’est rendu compte que c’était trop restrictif. En réalité tout le monde est concerné, mais chacun l’exprime à sa façon. J’ai voulu apporter un regard inclusif et systémique aux enjeux complexes. Je voulais montrer que même si toutes ces personnes ont des perceptions très différentes du monde, toutes peuvent malgré tout s’unir dans une volonté commune. Le but de ce spectacle, c’est de comprendre que nous avons tous un pouvoir d’action qui peut être relié à des valeurs humaines. Et que généralement, les choses vont vers un mieux quand il y a une volonté de faire du lien. »
Un pari réussi, si l’on en croit les retours des élèves !
Un avis également partagé par l’Échevine de l’Instruction publique francophone, de la Jeunesse et des Ressources Humaines, Faouzia Hariche, présente pour ce rendez-vous digital : « Bravo à vous pour la performance et l'originalité avec laquelle vous avez abordé tant de thématiques ! ». Pour tous, cette animation aura été l’occasion d’apprendre tout en passant un bon moment ; une aubaine en cette période compliquée où les salles de spectacle restent tristement fermées.
- Vous souhaitez en savoir plus sur la pièce ou inscrire vos classes à une représentation virtuelle ? Contactez Alice Rodrique ( alice.rodrique@brucity.education) ou Fabien Nobilio ( fabien.nobilio@brucity.education). L’animation peut prioritairement être proposée à des élèves de 3e, 4e et 5e année de l’enseignement secondaire.