Cette année scolaire, Émilie Desruelles et Priscilla Fraiture se sont lancées dans le co-enseignement avec leurs élèves de première année de l'école primaire Robert Catteau.
Depuis fin août, les deux enseignantes ont ainsi réuni leurs deux classes, qui forment à présent un seul groupe de 35 élèves évoluant dans deux salles : un vaste local organisé en ilots de cinq à six élèves ; une seconde pièce, avec ses fauteuils, sa bibliothèque et son espace modulable permettant d'organiser d'autres types d'activités. Et pour profiter de tous les outils numériques utiles aux projets des enseignantes, les deux salles sont équipées d'un TVI !
Décloisonner sa classe, décloisonner les matières
Émilie et Priscilla profitent de leur espace hybride pour mettre en œuvre leur pédagogie, décloisonnée comme leurs locaux. Les matières ne sont en effet pas strictement partagées entre les enseignantes ou délimitées dans l'horaire : l'enseignement commence par une question, un objet, un thème, à partir desquels on explore les matières.
Une simple pomme peut ainsi mobiliser des questions mathématiques (grandeurs, division, etc.), de français (expressions communes, couleurs, etc.), d'expression écrite et orale, de savoir-écouter et de savoir-parler (création poétique, présentation devant ses camarades).
Le travail en classe évolue en fonction de l'actualité, des questions et observations des élèves, s'adaptant aux besoins de chacun. Dans la continuité du projet pédagogique de la Ville de Bruxelles, l’enfant est placé au centre de l’apprentissage ; son expérience et son intérêt constituent l’amorce de la démarche éducative.
Répondre aux intelligences
Dans le co-enseignement, les interventions de chaque enseignant sont interdépendantes. « Les deux styles d'enseignement se complètent mutuellement, c'est bénéfique pour les élèves et ça répond à plus d'intelligences différentes », constatent Émilie et Priscilla.
Pendant les heures de piscine, de citoyenneté, ou durant les visites à la bibliothèque Bruegel, le groupe est temporairement scindé. Pendant qu'une moitié des élèves participe à ces activités, l'autre partie reste en classe. L'occasion pour les deux institutrices d'individualiser les enseignements.
« Du côté des parents, les retours sont très positifs », nous explique Véronique Verlé, directrice de l'établissement — « malgré quelques craintes à l'annonce du projet », vite dissipées.
Soutenue dès les premiers stades par l'inspection pédagogique de l'Instruction publique de la Ville de Bruxelles, cette initiative propose un nouveau regard sur les méthodes pédagogiques. Et après plus d'un mois d'expérimentation, enseignantes et élèves sont convaincus par ce mode de fonctionnement ! Prochain projet en vue pour Émilie et Priscilla : la classe du dehors — peut-être les croiserez-vous bientôt dans les parcs du centre-ville !