Forcées de constater l’augmentation de témoignages de violences familiales de leurs élèves après le premier retour de confinement, Odile Roolant, enseignante en Philosophie et Citoyenneté, Émilia Simionca, et Mary Schmitt, respectivement institutrice en 3e et 4e primaire, ont décidé de réagir. Leur but ? Pouvoir traiter cette problématique pédagogiquement avec les enfants, mais aussi interpeler les parents. Une question se pose alors : « Comment sensibiliser sans heurter les sensibilités ? »
Pour mener le projet à bien, nous avons fait appel à la Montagne Magique, qui nous a mis en relation avec Mathilde Perrot, art-thérapeute et scénographe. Elle nous a apporté un regard extérieur et professionnel sur la conception et la synthèse des éléments à valoriser de manière originale. Elle a travaillé en collaboration avec nos classes motivées, en traitant le sujet de manière symbolique par le biais de différentes techniques artistiques.
Avec les enfants
Pour investiguer et mesurer l’ampleur des violences subies par les élèves, elles ont abordé cette thématique lors du cours de Philosophie et Citoyenneté avec « Savoir-vivre » de Yann Fastier (2004). La discussion qui a précédé la lecture du livre a permis d’apporter les témoignages du vécu des élèves et d’évaluer la situation.
L’enquête préalable a permis de développer et de mettre en valeur des éléments, dont les témoignages des élèves, et les questions philosophiques qui s’y rapportent. Nous avons pu établir avec eux les liens entre leur vécu et les Droits de l’Enfant.
Toucher les parents
Pour interpeler les parents sur les résultats de l’enquête, donc le vécu des enfants, les institutrices ont créé une exposition dans un lieu de passage : le préau.
Notre démarche est de les embarquer dans la lecture active d’une exposition où ils sont invités à examiner la concordance entre leurs actions, paroles, sentiments, à l’intention de leur enfant. Mais aussi à questionner leurs actes et à en clarifier les effets positifs ou négatifs sur le développement de leur enfant.
L’exposition est à visée pédagogique. Elle doit interpeler les petits et les grands, mais pas les choquer. Nous aimerions qu’elle soit un levier comme déclencheur de discussions, qu’elle amène les débats, ou simplement pousse à la réflexion la personne qui passe à côté, sur sa manière « d’être traité ou de traiter l’autre »
Mathilde a donc pensé l’exposition en ce sens. Sur une grille qui se déplie en 4 pans, placée de sorte à séparer le préau afin de permettre une lecture qui se déroule en deux temps : un circuit aller, et un circuit retour.
La première face de l’exposition s’intitule « Quand tu me dis… En moi c’est comme si… » elle aborde les liens entre les mots et les représentations de l’émotion suscitée chez l’enfant en réaction de ces déclarations.
La deuxième face illustre les thèmes de « Ce qui me fait peur », « Mes pouvoirs magiques de superhéros », « Ce que je veux ». Elle dispose également d’une partie interactive : « Aujourd’hui, j’ai reçu un geste ». Cette dernière partie est composée d’une urne en forme de cœur qui invite les élèves à exprimer à l’aide de post-its colorés la manière dont ils estiment être traités par leurs parents.
Des présentations de l’exposition et un vernissage ont eu lieu à l’attention des autres élèves de l’école, des enseignants et des parents.
Une exposition en lien avec le projet pédagogique des parents
J’ai adoré cette exposition, car ça parle des choses qui nous font peur, de superpouvoirs, de ce que je veux et aussi pour que les parents apprennent à être plus gentils avec leurs enfants. révèle un enfant de l’école des Six-Jetons.
Une exposition qui rappelle le rôle important de l’Instruction publique dans la veille au bon développement des enfants dans un but émancipateur et d’apprentissage de la citoyenneté. Une formidable action félicitée par son Pouvoir organisateur qui s’inscrit directement dans le projet éducatif de l’Enseignement officiel subventionné.