L’Instruction publique de la Ville de Bruxelles organise chaque année une journée académique. Après les thématiques comme la ludopédagogie, la confiance ou la lutte contre les violences scolaires, la thématique retenue ce 22 novembre 2024 était l’inclusion scolaire. Plus de 160 personnes ont participé à cette journée organisée au Campus des Arts et Métiers.
Comme l’a rappelé en introduction Émilie Dupont, Directrice générale de l’Instruction publique, les enjeux et les défis en matière d'inclusion scolaire sont énormes. Mais nous ne partons pas de zéro à l'Instruction publique de la Ville ! Notre histoire en témoigne et nous y encourage... Le projet éducatif et pédagogique de la Ville s’inscrit pleinement dans la volonté de lutter contre toutes les formes d’exclusion, celles liées au déterminisme social et celles liées à toutes formes de discriminations. Les établissements de la Ville veulent à offrir à leurs apprenants toutes les voies du possible pour leurs apprentissages, leur émancipation et leur épanouissement.
Évoquer l’inclusion scolaire, c’est partir du postulat que tous les êtres humains, avec leurs différences individuelles, leurs besoins particuliers et leurs talents propres, sont égaux. Le fondement de la pensée inclusive est de faire en sorte que les enfants, les jeunes et les adultes perçoivent la diversité et sachent l’apprécier. « La question de l'inclusion scolaire est au cœur de notre vivre-ensemble, diamétralement opposée à toute forme de discrimination : il s'agit de se connaître tel que nous sommes et, plus encore, de se reconnaître comme des humains en devenir », explique Émilie Dupont.
Les élèves et/ou étudiants à besoins éducatifs spécifiques sont des enfants, des jeunes ou des adultes qui selon les classifications internationales présentent des déficiences ou difficultés ou qui ont plus de peine à apprendre que la majorité de leurs congénères. Les besoins spécifiques d’un apprenant peuvent relever entre autres des domaines moteur, visuel, langagier, auditif, intellectuel, socio-émotionnel, de l’attention, des apprentissages ou du spectre de l’autisme.
En matinée de cette journée, Dominique Paquot a présenté le projet de l’école Singlijn qu’il dirige depuis une quinzaine d’années.
Son investissement pour l’inclusion s’inscrit dans un récit personnel évoqué avec émotion, retenue et sensibilité : celui d’un enfant dys-, fortement stigmatisé, souvent en grande souffrance, toujours en doute, lui-même devenu plus tard enseignant et directeur d’école…
Mais la force intérieure de l’apprenant « à besoins spécifiques » est cependant immense, nous confie-t-il : les équipes sont là pour la rencontrer, pour donner confiance et pour conduire vers la résilience… Certes, une école inclusive ne s’improvise pas si facilement. C’est un processus exigeant en termes d’encadrements, mais aussi en termes d’approche pédagogique. « On s’adapte à l’apprenant et pas l’inverse », nous explique-t-il… De nombreuses conditions doivent être rencontrées, notamment celle d’un engagement collaboratif des enseignant.es et des pairs (des élèves entre eux), la présence facilitatrice d’un « agent de liaison » qui agit comme coordinateur. L’inclusion est indissociable des pédagogies actives et de la différenciation pédagogique, le tout à la recherche de sens… L’école inclusive est une conviction profonde pour créer une société plus solidaire, pour encadrer des parcours personnels faits de confiance et non plus de limites, de fragilités ou de stigmates.
Les équipes médico-sociales (SPOS) ont ensuite présenté l’inclusion comme l’« affaire de tous » ! Le CPMS, le PSE, le SeSaMe, le Pôle territorial sont, nous rappellent-ils, à la disposition des établissements et des enseignant.es pour aider, soigner et encadrer psychologiquement les enfants, les jeunes et leurs parents, et pour soutenir, conseiller et seconder les équipes pédagogiques et éducatives dans l’inclusion au quotidien. L’objectif est de traduire l’inclusion de manière tangible.
Cette journée a permis de dialoguer entre professionnels de l’enseignement lors d’ateliers consacrés aux troubles de l’apprentissage (Martin Colleu), aux pratiques pédagogiques adaptées (Éloïse Ruyssen), au trouble du spectre autistique (Joke Wagemans), aux aménagements raisonnables (Rémy Van de Moosdyk), aux outils numériques facilitant l’inclusion (Tatiana de La Croix, Jessica Dejas et Allison Hoyas). Un travail en atelier qui permet de réfléchir à ses propres pratiques, d’en découvrir d’autres, potentiellement implémentables, de mettre des projets concrètement en place.
Enfin lors du drink de clôture, l’Inspection pédagogique a inauguré en présentant une session de « posters », qui ont mis en valeur des projets déjà réalisés sur le terrain des établissements et surtout d’en discuter de manière informelle avec leurs animatrices (Sarah Vancraeynest de l’ICC ; Valérie Redon de l’école préparatoire Émile Jacqmain, Sylvie Radermecker de l’école maternelle Reine Astrid) ou encore le CeSAmée de la HEFF (regroupement de plusieurs cellules qui œuvrent au service de la réussite des étudiant.es).