Un service de prêt de livres à domicile

À la Bibliothèque de Laeken, un service de prêt à domicile existe depuis une dizaine d’années. Mais en cette période de crise, ce service prend une dimension toute particulière. Rencontre avec un bibliothécaire dévoué.

Bibliothécaire passionné, Xhemil Palushi travaille à la Bibliothèque de Laeken depuis 15 ans. Avec son sourire jovial et sa bonne humeur, il accomplit ses missions sans jamais se départir de sa motivation. Et, en cette période rendue compliquée par la pandémie, son travail permet de maintenir un lien social avec des publics souvent fragilisés par la situation.

Pouvez-vous expliquer votre travail en quelques mots ?

Mes tâches principales consistent en l’accueil du public, le prêt, et je m’occupe aussi de ce qu’on appelle « les commandes des lecteurs » une fois par semaine, où je prends toutes les suggestions d’achat des lecteurs. J’envoie la commande après avoir effectué un tri. On a aussi un service camionnette qui fait le lien avec les bibliothèques qui dépendent de notre territoire. Je m’occupe aussi de l’accroissement des collections des classes 1 (philo) et 2 (religion) dans la CDU (Classification Décimale Universelle), qui est une transposition chiffrée d’un domaine de connaissances. Et, bien sûr, il y a ce service de prêt à domicile.

En quoi consiste ce service ?

Ce service gratuit, qui existe depuis une dizaine d’années, est destiné aux personnes qui habitent le territoire de Laeken et qui ont des difficultés à se déplacer. Après avoir discuté avec le lecteur ou la lectrice de ses envies et préférences littéraires, je fais une sélection que je livre ensuite à domicile.

Pour des raisons de facilité et d’accessibilité, ce service reste très localisé, puisque je me déplace essentiellement en transports en commun.

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur ce service de prêt à domicile ?

Durant le premier confinement, j’ai appelé les personnes qui en étaient déjà adeptes et je leur ai dit que nous ne pourrions momentanément plus être en mesure de l’assurer. Mais dès le déconfinement, je les ai recontactées pour reprendre ce service et leur apporter des livres, ce qui a permis de retrouver un lien avec des gens qui se sont souvent retrouvés véritablement isolés durant plusieurs mois. La crise est compliquée pour tout le monde, mais elle l’est encore davantage pour ces personnes, généralement âgées et à mobilité réduite.

Combien de personnes bénéficient-elles de ce service ?

À peu près une dizaine de personnes. C’est un service qui fonctionne assez bien, mais ça dépend des saisons. Il y a par exemple des gens qui sollicitent ce service en hiver, parce que les conditions climatiques ne leur permettent pas de se déplacer facilement.

Ceci dit, c’est compliqué, parce que ces personnes souhaiteraient tout de même pouvoir venir à la bibliothèque. C’est un lieu qui permet de garder un lien social. Mais vu qu’elles ne peuvent pas faire autrement, ce service tombe à pic pour maintenir un contact humain.

Dans la mesure du possible, j’essaie régulièrement de les appeler, de prendre des nouvelles. Je leur rends service, mais je me rends service aussi en faisant ça, parce que ça me donne le sentiment d’être utile, c’est gratifiant. C’est vraiment un service qui me tient à cœur.

Comment voyez-vous la suite des évènements ?

Quoiqu’il arrive, j’aimerais développer davantage ce service pour qu’il atteigne potentiellement plus de gens, pas seulement des personnes âgées, mais aussi des jeunes.

Ce qui prime en tous les cas, c’est l’échange et le lien avec les gens. Selon moi, être bibliothécaire c’est aussi exercer un métier qui revêt un caractère social très important, et ça il faut le cultiver. Si la possibilité m’est offerte de le faire, je n’hésite pas. Sinon, ça n’a pas de sens de travailler dans le service public !

Xhemil Palushi

En pratique

Créé le 16/11/2020 (modifié le 17/11/2020)
Xhemil Palushi