Étudiante à la Haute Ecole Francisco Ferrer et bientôt diplômée de la section Stylisme-Modélisme, Manon De Schacht a consacré son travail de fin d’études à la problématique du harcèlement de rue. Ses créations, sélectionnées pour l’appel à projet Female Symbols and Urban Space, seront exposées jusque fin janvier 2021 à la Maison Amazone.
Lancé par l’asbl Amazone, un centre qui se veut être « le Carrefour de l’Egalité de Genre », cet appel à projet visait à questionner et déconstruire la représentation symbolique du genre dans l’espace public, et plus spécifiquement la présence des femmes.
L’espace public (urbain) appartient à tout le monde mais pourtant, celles-ci ne s’y sentent pas toujours en sécurité. « Le harcèlement de rue est un sujet qui m’est cher et que je souhaitais développer. Dans mon TFE, j’ai voulu déconstruire tous les stéréotypes que la société peut avoir sur le sujet, et aussi dénoncer la façon dont elle cherche à justifier, via la tenue qu’une femme peut porter, certains comportements harceleurs. »
« Dans cette perspective, ma première création a été réalisée avec des culottes récupérées auprès de mon entourage. L’inspiration m’est venue après avoir lu une histoire en Irlande à propos d’un violeur acquitté parce que sa victime portait un string. J’ai été très énervée en lisant ce verdict et ça m’a confortée dans l’idée qu’il faut continuer à se battre pour montrer que non, la tenue qu’on porte, – quelle qu’elle soit – n’est pas un motif d’agression et ne doit en aucun cas être utilisée pour justifier un comportement agresseur. »
« Pour le tailleur, j’ai choisi de créer une pièce qui soit de couleur blanche. Cette couleur est censée représenter la pureté mais aussi le chic, l’élégance ; malgré ça, on peut quand même se faire injurier en portant ce genre de vêtements. C’est pour cette raison que j’ai peint des insultes en rouge sur le tissu, pour qu’il y ait un contraste percutant, comme ces insultes que les femmes subissent alors que rien dans leur tenue ne les justifie. Le rouge sert à traduire la violence des mots et le choc qu’ils engendrent. »
« La dernière robe à droite, c’est une robe transparente en hommage à la nudité et pour déconstruire le cliché selon lequel nudité = sexualité. C’est une robe qui dénonce en quelque sorte l’hypersexualisation dans laquelle notre société baigne. La broderie représente quant à elle un utérus ; les trompes de Fallope ont été remplacées par des fleurs pour symboliser la fertilité et l’utérus a été remplacé par une tête de serpent – une sorte de clin d’œil au péché originel pour lequel Ève était considérée comme responsable… »
« Cette réalisation-ci est un peu un « manteau accouchement », c’est-à-dire que j’ai construit son col en forme de vagin pour rappeler que nous venons toutes et tous du même endroit…et que nous devrions donc toutes et tous faire preuve de respect et d’humilité. »
« Enfin, ma dernière création est une robe qui représente un peu une sorte de cage dans laquelle la femme serait enfermée, à la fois prisonnière de sa condition (de son genre) et des vêtements qu’elle porte… »
Comme souligné dans le Programme de Politique Générale, « la Ville pour toutes et tous passe surtout par la liberté d’être soi-même, sans considération d’origine, de religion, d’orientation sexuelle ou de genre. C’est l’apprentissage du savoir-vivre ensemble. En ce sens, la sécurité de nos citoyen.e.s représente le droit fondamental d’évoluer librement en n’importe quel lieu et à n’importe quel moment. » C’est précisément dans cette optique qu’a été imaginée l’exposition Female Symbols and Urban Space à laquelle Manon De Schacht a pris part.
Thématique chère au Département Instruction publique, l’approche de genre permet de déconstruire nos représentations mentales, sociales et spatiales, ouvrant de nouvelles réflexions sur la façon dont nous souhaitons organiser la société pour permettre à chacun.e de s’y épanouir et s’y émanciper.
Pour aller plus loin
- Si vous souhaitez admirer les créations féministes de Manon ainsi que d’autres réalisations, l’exposition Female Symbols and Urban Space prendra place à la Maison Amazone jusqu’au 31 janvier 2021.