Situé à deux pas de l’Atomium, le Centre pédagogique du Parc Astrid a ouvert une classe de maternelle de type II.
Cette classe accueille déjà 6 enfants inscrits et compte une longue liste d’attente. Il s’agit du premier établissement dans le Nord de Bruxelles qui permet d’accueillir des enfants autistes dès la maternelle. De plus, l’espace a été pensé spécifiquement pour eux et aménagé en fonction de leurs besoins. Les activités qui y sont organisées par Madame Rachida Tahiri, sont guidées par différents domaines d’apprentissage dans un objectif d’épanouissement personnel pour chaque enfant :
- le développement de nouvelles compétences
- l’acquisition de l’indépendance au travail
- l’équilibre entre travail et loisirs
- l’autonomie personnelle et résidentielle
- l’apprentissage de la vie en collectivité et de comportements socialement adaptés …
Pour faciliter ces apprentissages, tout en prenant compte des besoins et fonctionnements de chaque élève individuellement, la classe a été aménagée en différents espaces bien délimités. Cette division permet aux enfants d’être occupés tous ensemble à des activités différentes, mais aussi de bien comprendre ce qui est attendu d’eux en fonction du lieu où ils se trouvent. Nous retrouvons donc au sein de la classe :
- Un espace d’accueil
- Un espace d’apprentissage
- Des espaces de travail autonome
- Un espace dédié aux activités collectives
- Un espace jeux :
- Un espace stimulation sensorielle :
- Un coin de repli
- Plusieurs espaces de rangement
- Un espace cuisine
Pour accueillir aux mieux les six nouveaux élèves, la cour de récréation a également été aménagée afin de sécuriser au maximum les déplacements des enfants. Un chemin spécifique menant les élèves de la classe à la cour a donc été créé. Il facilitera et sécurisera l’accès des enfants de la classe vers la cour.
En plus de bénéficier d’un aménagement spécifique à leurs besoins, les petits écoliers ont rencontré le jour de leur rentrée une enseignante éprise de son métier. Elle a aménagé la classe et préparé un programme d’animations spéciales, rien que pour eux.
Qui d’autre que Madame Rachida Tahiri peut nous parler de sa classe ?
Je suis enseignante maternelle depuis 2011, et au parc Astrid depuis ce 1er septembre. Depuis que je suis sortie de la haute école, je n’ai travaillé qu’à la Ville de Bruxelles. J’ai travaillé 4 ans au Centre pédagogique de Vlaesendael, dans un enseignement spécialisé. La classe était un mélange de types. Au parc Astrid, j’ai le type deux seulement.
J’étais très stressée, car une nouvelle aventure, dans une nouvelle école, avec des nouveaux collègues, avec des nouveaux parents, etc. Et ça c’est super bien passé ! J’ai été très bien accueillie. Et les enfants étaient réceptifs à leur manière. Très très bonne rentrée, très bonne expérience avec eux ! Ils étaient très intéressés par ce que j’ai mis en place. Ils étaient curieux. J’ai aussi investi dans des jeux en bois, certifié UE donc qu’ils peuvent mettre en bouche. Le bois est facile d’entretien pour le nettoyage et pour eux ce n’est pas nocif. Ce sont des enfants encore dans la découverte, ils mettent tout dans le bouche. Malgré leur difficulté ce sont des enfants qui sont très très curieux.
Très bon contact aussi avec les parents. Ils sont soulagés d’avoir pu trouver une classe maternelle en type deux. Parce que c’est rare. À la ville de Bruxelles, il y en avait pas. On est la première. Ici c’est spécifique pour les difficultés de l’enfant. Ils étaient soulagés de pouvoir mettre leurs enfants dans une structure adaptée à eux.
L’aménagement de la classe avec P’tit Loup
L’espace bibliothèque avec un tapis et des coussins et une petite étagère sur pied avec tout plein de livres. Il y a un tipi qui est le lieu de relaxation où l’enfant peut se coucher. Des doudous sont à disposition, de toutes les tailles, avec même des doudous qui font de la musique. Le coin hygiène : j’ai mis en place, comme rituel, de se brosser les dents après chaque collation : ça s’inscrit projet hygiène de vie.
J’ai pu aménager au maximum pour pouvoir accueillir les enfants dans un environnement sécurisant et beau. J’ai eu juste le temps, pour pouvoir finir à temps, pour pouvoir offrir aux enfants, un lieu sécurisant et attirant. J’ai choisi comme thème le P’tit loup. J’ai aménagé la classe selon ce personnage [de livres jeunesse]. Les enfants étaient émerveillés par le P’tit Loup.
Mon but est de donner gout à l’école aux enfants. Avec cet aménagement les enfants étaient contents. Leurs regards curieux et émerveillés. C’est un petit personnage attachant. Il y a des peluches, des livres, des posters,… Les enfants étaient curieux de ce petit personnage et sereins. Il y a un petit enfant qui adore les livres de P’tit Loup et il a passé toute la journée à la bibliothèque. Mon enjeu de la rentrée était donc de donner envie aux enfants : qu’ils rentrent dans la classe et qu’ils se sentent bien. Les affichages au mur, la météo, les anniversaires, les calendriers. Tous les apprentissages partent de ce personnage.
J’ai découvert ces livres il y a déjà quelques années, et je trouvais que c’était des livres qui étaient adaptés aux enfants et encore plus aux enfants en difficulté. J’ai vraiment commencé à les exploiter au centre pédagogique. À ce moment-là, j’ai investi pour les livres.
Les rituels avec P’tit loup
Avant de rentrer en classe, les enfants mettent leur sabot. On met sa collation dans le bac à collation, avec la petite photo de loup qui mange un fruit. On met ses tartines dans le bac à tartines, en regardant P’tit Loup qui mange sa tartine.
Avec les enfants, nous avons créé des étiquettes au-dessus des crochets. Ils ont peint un quadrillage avec leur prénom, on a coupé la tête du loup pour la remplacer avec une photo de l’enfant, et plastifié le tout pour faire une étiquette de portemanteau. Ils ne reconnaissent pas leur prénom, donc comme ça, ils ont la photo et tous les matins ils ont quand même le visuel de leur prénom.
On rentre, on met son étiquette P’tit Loup sur le tableau des présences. Pour la date, on fait avancer le P’tit Loup sur le calendrier. Puis on habille un P’tit Loup avec la couleur du jour. Pour chaque jour, j’ai choisi un pull en laine d’une couleur différente. Ceci est pour le matin. Ensuite, pour les diverses activités proposées aux enfants, il y a le petit personnage P’tit Loup en haut de la feuille. Et on continue les autres rituels. Les enfants ont créé un set de table pour manger la collation et un autre set spécifique pour le repas du midi aussi. Pour la sieste, ils ont le droit de prendre à tour de rôle P’tit Loup comme doudou pour dormir. Pour le moment ce sont les petits rituels qu’on a mis en place.
À partir du mois d’octobre, un P’tit Loup en peluche peut passer un week-end chez chaque enfant à tour de rôle. On travaille selon le rythme de chacun .Au mois de septembre, on instaure les rituels puis début du week-end, P’tit Loup peut partir avec un copain. Il ne faut pas chambouler les rituels, les habitudes, et leur week-end. Comme il s’agira d’un nouveau membre de la famille, il faut les préparer au maximum en classe.
Enseigner, plus qu’un métier
L’objectif premier de ces premiers mois de l’année est de développer l’autonomie de l’enfant.
C’est le plus important pour des enfants en difficulté : développer chez eux de l’autonomie est la clé du succès. Mettre ses chaussures, manger tout seul, aller aux toilettes tout seul, se brosser les dents… c’est toutes des compétences qu’ils doivent acquérir pour pouvoir rentrer dans les apprentissages à proprement dit.
Par rapport aux 6 années que j’ai eues dans l’enseignement ordinaire, les 4 ans dans le spécialisé m’ont apporté beaucoup plus humainement et professionnellement que dans les années ordinaires parce que j’ai des enfants extraordinaires !
Ils apportent une forme de sérénité dans la manière d’aborder la matière. Un enfant qui savait compter jusque 10 dans l’ordinaire, c’était normal par rapport à son âge. Un enfant du spécialisé qui du jour au lendemain, reconnait son prénom : on a des frissons : il a réussi ! un enfant de 5 ans qui a des difficultés, et qui y arrive enfin après des mois et des mois d’apprentissage : on a gagné ! Notre journée était merveilleuse !
Ça m’apporte beaucoup plus. Je vous assure que vous avez les larmes aux yeux quand vous avez les parents qui pleurent de joie parce que leur enfant arrive à le faire. On travaille différemment, on travaille selon les besoins de l’enfant. En vous disant ça, j’ai les larmes aux yeux... Et bien, après ça, j’ai tout gagné. Moi j’ai la chance d’avoir les enfants extraordinaires dans ma classe ; C’est difficile certes, mais je suis la plus heureuse quand je suis avec eux.
La passion : surtout la passion ; je suis vraiment passionnée par mon métier. Pour moi ce n’est pas une contrainte d’aller travailler. Je le fais avec plaisir.
Un enseignement inclusif
L’Instruction publique de la Ville de Bruxelles a à cœur d’ouvrir son enseignement à tous. Elle soutient également le fait d’accueillir les enfants autistes dans l’enseignement ordinaire. Mais parfois, cela n’est pas possible, et ces enfants extraordinaire ont dorénavant une place bien à eux qui respecte leurs besoins propres. En plus d’éduquer les valeurs de citoyenneté et de pluralisme, l’Instruction publique de la Ville de Bruxelles applique ses propres enseignements par à la mise en place de projets comme celui-ci.