Le projet Sport Expérience est né en 2015 au sein du département Instruction publique. Focus sur cette initiative qui vise à questionner les stéréotypes de genre véhiculés dans le milieu sportif en proposant une approche réflexive qui privilégie la mixité et l’égalité fille-garçons.
Depuis 2011 et l’adoption par la Ville de Bruxelles de la charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale, de nombreux engagements ont vu le jour. Le projet genre, qui en fait partie, vise à conscientiser sur les stéréotypes de genre, à encourager des pratiques éducatives non-discriminantes et à sensibiliser à l’égalité en promouvant la participation à des activités mixtes et non-genrées.
Dans cette optique, le département Instruction publique a revu en 2014 son projet éducatif en définissant l’égalité comme étant l’une des valeurs phares de son enseignement. Cette valeur a d’ailleurs été transposée en différents objectifs stratégiques dont la mise en œuvre se fait au sein des établissements via l’organisation de différents projets.
Le Programme de Politique Générale 2018 / 2024 de la Ville souligne l’importance de ce Pôle genre au sein de département afin de mettre en place des projets transversaux, développer des modules de formation sur l’égalité hommes-femmes à tous les niveaux d’enseignement et, de manière générale, encourager, soutenir et proposer des activités et initiatives visant à promouvoir l’égalité et la mixité, y compris dans les cours d’éducation physique.
C’est dans ce contexte qu’est né le projet « Sport Expérience : C’est quoi ton genre de sport ? » dans plusieurs établissements d’enseignement secondaires de la Ville. L’ambition de cette initiative est de mettre en lumière les stéréotypes de genre dans le sport et de les aborder de manière ludique et transversale. De nombreux élèves de 5e et 6e année secondaire peuvent s’initier à la pratique d’un sport inédit, souvent labellisé à tort de féminin ou de masculin.
Les sports proposés (Gymnastique Rythmique et Sportive (GRS), natation synchronisée, rugby, waterpolo, aquabike, trampoline aquatique, sports de combat, danse) dans le cadre de cette activité ont un double objectif:
- Questionner les stéréotypes de genre véhiculés dans le milieu sportif (et dans la vie de manière générale) et ainsi permettre à ces élèves de développer leur esprit critique ;
- Valoriser la préservation de leur capital santé par la pratique d’un sport (auquel ils n’auraient, en plus, initialement pas pensé)
Depuis l’année dernière, ces séances mixtes de sport sont agrémentées d’ateliers philosophiques destinés à porter un regard réflexif sur l’expérience vécue par les élèves. Les questions soulevées sont donc multiples :
Existe-t-il des sports spécifiquement réservés aux hommes et d’autres aux femmes ? Pourquoi certains sports devraient correspondre à une image dite masculine et d’autres à une image dite féminine et comment nous assimilons, consciemment ou non, ces stéréotypes ?
Comme toute représentation de la réalité, les stéréotypes sexistes sont le fruit d’une construction sociale complexe. Dans un rapport publié par l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes, seule agence de l’Union européenne qui soit exclusivement consacrée à l’égalité des genres, il est souligné que
« Le sport est un domaine où les hommes sont traditionnellement dominants et où les progrès en matière d’égalité de genre sont freinés par les constructions sociales de la masculinité et de la féminité, qui associent souvent le sport à des caractéristiques «masculines» telles que la force et la résistance physique, la rapidité et un esprit de compétition, voire de confrontation, très élevé ».
En définitive, nous sommes tous confrontés à des « biais cognitifs », qui trouvent leur origine dans les associations que nous avons intégrées au fil de notre vie, dans notre éducation et nos relations sociales.
Ces biais congnitifs et ces stéréotypes ancrés en nous sont en réalité des raccourcis fabriqués par notre cerveau pour tenter de simplifier le monde et notre environnement. Ils sont nécessaires à notre bon fonctionnement, mais ne devraient pour autant être considérés de manière absolue. En proposant une vision du monde binaire et essentialiste, et donc par définition rigide, ils figent les possibilités d'émancipation des individus.
Dans une société où l’identité se construit notamment à travers un vaste réseau de normes assurant la régulation de la vie sociale, et exprimant toujours un système de valeurs, ce type d’activité peut donc permettre à ces jeunes de reconsidérer ce qui est vu comme étant « normal » (normé), par exemple l’idée que certains sports soient supposément réservés aux garçons (tels que les sports de combat, le rugby ou le waterpolo) et d’autres aux filles (la danse, la GRS ou la natation synchronisée).
Au-delà de la déconstruction de ces stéréotypes genrés et le questionnement qui en découle, la Sport Expérience leur permet de sortir de leur zone de confort en favorisant la mixité, les échanges et la pratique de nouvelles disciplines, leur donnant à voir plus loin qu’une simple activité physique en apparence « insolite ».
Et les retours des élèves sont positifs, comme en témoigne ce reportage réalisé par BX1 : « On voit qu’il n’y a pas vraiment de différence entre les gens, on peut tous faire la même chose, que ce soit de la boxe, de la GRS, de l’escrime ou du waterpolo…C’était cool. »
Une autre élève, dans le même reportage, donne également son ressenti : « Je ne trouve pas que la boxe soit un sport réservé aux hommes. Un sport, peu importe lequel, n’est pas réservé aux filles ou aux garçons. Il n’y a pas de différence à faire et je trouve que c’est important de pouvoir découvrir de nouveaux sports afin de s’enrichir et voir quelles sont nos capacités. »
Le Département Instruction publique est heureux de proposer ce projet novateur et pluridisciplinaire. En tant que lieu d’éducation à la citoyenneté, nous sommes convaincus que l’école se doit d’œuvrer pour l’égalité entre les femmes et les hommes, et ce dans tous les domaines afin de favoriser une société non-discriminante, plus inclusive et plus égalitaire.
Pour aller plus loin
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.